Le classement annuel des réseaux mobiles en France, réalisé par l’Arcep, est habituellement publié en octobre. Mais cette fois, il se fait attendre. La raison ? Des anomalies relevées dans les mesures, suffisamment préoccupantes pour que l’Autorité ouvre une enquête. Selon les révélations de nos confrères de L’Informé, il y aurait des soupçons de manipulation des tests. En clair, certains opérateurs pourraient avoir optimisé leurs réseaux de manière spécifique pour obtenir de meilleurs scores.
Des résultats étranges, une enquête en cours
L’étude repose sur 278 critères et mesure la qualité des services d’Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile. Entre mai et juillet 2024, AFD.Tech, un prestataire indépendant, a effectué plus d’un million de tests sur la 2G, 3G, 4G et 5G. Problème : les résultats de la 5G en zones urbaines et intermédiaires montrent des écarts anormaux. D’habitude, il y a bien des différences entre ces zones, mais là, elles seraient trop marquées pour être naturelles.
Optimisation ou tricherie ?
Selon Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, ces écarts pourraient être liés à des paramètres techniques spécifiques ou à des équipements déployés différemment. Dit autrement, il y a un doute sur le fait que certains opérateurs aient modifié leurs réseaux pour améliorer artificiellement leurs performances lors des tests.
L’un des points soulevés concerne le type de téléphone utilisé pour les mesures. Les résultats suggèrent que certains smartphones haut de gamme bénéficient de meilleures performances que d’autres modèles. Si cela se confirme, cela signifierait que les opérateurs ont mis en place des optimisations spécifiques, faussant ainsi la comparaison avec la concurrence.
Un enjeu commercial majeur
Ce classement de l’Arcep est loin d’être un simple tableau technique. Chaque année, les opérateurs s’en servent comme argument marketing. Orange, par exemple, met régulièrement en avant sa première place pour promouvoir la qualité de son réseau. Une éventuelle manipulation pourrait donc remettre en cause l’image de certains acteurs du marché et, potentiellement, entraîner des sanctions.
Pour l’instant, aucun opérateur n’est officiellement accusé, et les principaux concernés – Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile – restent très silencieux. Les équipementiers comme Huawei, Ericsson et Nokia, eux aussi impliqués dans la gestion des infrastructures, n’ont pas réagi non plus.
Des résultats encore en suspens
L’enquête de l’Arcep pourrait durer plusieurs semaines, et même plusieurs mois. En attendant, le classement des réseaux mobiles est gelé. S’il s’avère que des pratiques douteuses ont été utilisées, cela pourrait entraîner une refonte des méthodes de mesure… et peut-être des sanctions pour certains opérateurs. Affaire à suivre, donc.
