Une coalition inédite de groupes de presse, radios et chaînes de télévision accuse Meta d’avoir contourné la réglementation européenne sur les données personnelles. Plusieurs centaines de millions d’euros seraient en jeu sur le marché publicitaire.
Selon La Lettre, plus d’une centaine de médias français s’apprêtent à lancer une action en justice contre Meta, maison mère de Facebook et Instagram, devant le tribunal des activités économiques de Paris. Cette plainte collective vise des pratiques jugées non conformes au Règlement général sur la protection des données (RGPD).
Les demandeurs accusent le groupe américain d’avoir bénéficié indûment d’un avantage sur le marché publicitaire numérique, en collectant et exploitant des données personnelles sans le consentement éclairé des utilisateurs. Or il s'agit d'une pratique que le RGPD encadre strictement depuis son entrée en vigueur en 2018.
Des pertes estimées à plusieurs centaines de millions d’euros
Selon les médias français à l’origine de l’initiative, Meta aurait ainsi capté une part importante du marché publicitaire numérique au détriment des éditeurs européens. Le groupe aurait contourné les règles applicables en matière de consentement et de traitement des données. Sont ainsi visés les mécanismes de ciblage publicitaire ultra-efficaces de Meta, rendus possibles par l’analyse de données comportementales collectées à grande échelle.
Les dommages économiques sont estimés à plusieurs centaines de millions d’euros, que les plaignants souhaitent désormais voir reconnus par la justice. Il s’agirait d’une des actions les plus structurées menées en Europe par des médias contre une plateforme numérique.
Un nouveau front dans les tensions transatlantiques
Cette initiative s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre l’Europe et les grandes plateformes américaines, tant sur les questions fiscales que sur celles liées à la régulation numérique. Après l’entrée en vigueur du Digital Services Act (DSA) et du Digital Markets Act (DMA), les autorités européennes -et désormais les entreprises locales- multiplient les démarches pour faire respecter les régulations communautaires face aux géants de la tech.
Si les États étaient jusqu’ici les principaux acteurs de ces différends, la mobilisation d’une coalition de médias traditionnels marque une nouvelle étape. Cette action pourrait également faire jurisprudence, et encourager d’autres initiatives similaires ailleurs en Europe.
Meta sous pression réglementaire
Déjà visé par plusieurs procédures ouvertes par les autorités de protection des données, notamment en Irlande, Meta doit composer avec une pression croissante sur ses pratiques publicitaires. L’entreprise a déjà été contrainte d’introduire de nouvelles options de consentement pour les utilisateurs européens, et propose désormais un abonnement sans publicité en alternative au modèle gratuit financé par les données personnelles.
Cependant, les plaignants estiment que ces ajustements sont intervenus trop tardivement et n’ont pas suffi à compenser les années de pratiques jugées non conformes.