Alors que l’Union européenne souffle après la suspension surprise des droits de douane imposés par Donald Trump sur ses exportations, une autre bataille se profile. La Commission européenne n’écarte plus l’idée d’une taxe ciblée sur les entreprises technologiques américaines. Une mesure de rétorsion potentielle alors que la trêve commerciale avec Washington reste fragile.
Une riposte numérique à l’étude
Cette fois, ce ne sont plus les marchandises qui sont en jeu, mais les services numériques. En effet, les géants américains de la tech, de Google à Meta, en passant par Amazon, Apple et Microsoft, sont toujours dans la ligne de mire de Bruxelles.
Dans une interview accordée au Figaro, la vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Henna Virkkunen, affirme que l’Europe doit « réfléchir à une taxe sur les géants du numérique ». Une déclaration qui intervient alors que la Commission, prise de court par l’annonce de la trêve tarifaire de Trump, cherche à recadrer sa stratégie.
La Finlandaise de 52 ans, en poste depuis 2024, précise que l’Europe reste déterminée à faire appliquer le règlement sur les marchés numériques (DMA). Toutefois, elle reconnaît que le volet fiscal de cette bataille technologique n’a pas encore été tranché. Pourtant, l’idée d’une taxation des services numériques est loin d’être nouvelle : elle avait déjà été évoquée avant la pandémie, puis enterrée face à la complexité des négociations internationales.
Une pause américaine, mais jusqu’à quand ?
Le 9 avril, Donald Trump a suspendu pour 90 jours les surtaxes de 20 % sur les exportations européennes, les ramenant à 10 %. Si cette accalmie est la bienvenue, elle n'en reste pas incertaine au vue de la volatilité des décisions américaines. Nous avons toujours dit que nous ne voulions pas de guerre commerciale, a rappelé Henna Virkkunen, tout en laissant entendre que l’UE devait rester vigilante, notamment sur les services dématérialisés.
Car si l’Europe est en retrait sur le front de l’IA, elle reste l’un des rares blocs capables de réguler sérieusement les plateformes numériques. Et face aux tensions sino-américaines, Bruxelles entend affirmer sa souveraineté numérique — quitte à employer, elle aussi, des leviers fiscaux.
Une mesure qui pourrait fracturer le marché
Taxer les géants du numérique, c’est aussi risquer des représailles commerciales. Washington a déjà menacé à plusieurs reprises de répondre à de telles initiatives en ciblant d’autres secteurs, comme le vin ou l’aéronautique. De quoi freiner les ardeurs de certains États membres plus exportateurs que d’autres.
Mais pour Henna Virkkunen, la question n’est plus seulement économique : Il s’agit de défendre un modèle. En clair, l’Europe veut que les grandes plateformes contribuent à l’écosystème numérique européen, y compris sur le plan fiscal. Le débat promet d’être animé et hautement stratégique...