Le hashtag #SkinnyTok cartonne sur les réseaux. Sous couvert de « motivation », il pousse surtout à des comportements dangereux, en glorifiant la restriction et le culte du corps mince. Un phénomène inquiétant, surtout chez les ados.
Le culte du « skinny » fait son grand retour
Depuis quelques semaines, une tendance appelée SkinnyTok envahit la plateforme TikTok. À travers des vidéos qui prônent la perte de poids rapide et l’autodiscipline extrême, des créateurs – souvent jeunes – encouragent des pratiques qui flirtent dangereusement avec les troubles alimentaires.
On y trouve des phrases-chocs comme « si t’as faim, c’est que ton corps t’applaudit » ou encore « une silhouette mince se loue, elle ne s’achète pas ». Sous prétexte de motivation, on bascule rapidement dans la honte, la culpabilité et la comparaison toxique.
#SkinnyTok
Derrière ce nom, on retrouve des milliers de vidéos qui valorisent un idéal de minceur extrême. Perte de poids rapide, jeûnes prolongés, suppression totale de certains aliments… Le tout souvent présenté sans contexte médical, ni nuance. Pire, certains comptes vont jusqu’à ridiculiser celles et ceux qui mangent « trop » ou qui ne font pas assez d’efforts. Ambiance.
Le problème, c’est que ce genre de contenu s’adresse à un public jeune, souvent en pleine construction identitaire. D’après les spécialistes, l’exposition à ce type de message peut entraîner des troubles alimentaires, une mauvaise image de soi, et dans certains cas, des conséquences physiques graves : carences, troubles hormonaux, voire risques cardiaques.
Un retour aux années 90 ?
Pour beaucoup, ce n’est pas vraiment nouveau. Ce culte du corps « parfait », on l’a connu avec les mannequins filiformes des années 90 ou les blogs pro-anorexie des années 2000. Ce qui change, c’est la puissance de l’algorithme de TikTok, capable de diffuser ce contenu à grande vitesse, même aux plus jeunes.
TikTok a bien tenté de réagir. En cherchant « SkinnyTok », l’appli affiche un message de prévention et renvoie vers des ressources spécialisées. Mais une fois passé ce filtre, on retombe rapidement sur les contenus problématiques. Comme si le message de fond restait le même : si tu n’es pas mince, c’est que tu ne fais pas assez d’efforts.
Comment en parler aux ados ?
Les experts conseillent de ne pas dramatiser mais d’ouvrir la discussion. L’idée, c’est de comprendre ce que les jeunes voient, ce qu’ils en pensent, et de leur proposer d'autres sources d’inspiration plus positives. Et si possible, d’en profiter pour faire un petit tri dans leur fil d’actualité.
Cette tendance ne fait que réveiller de vieilles injonctions qu’on espérait dépassées. Et franchement, on aurait vraiment pu s’en passer.