Mr. Deepfakes, plateforme centrale de la création et de la diffusion de vidéos pornographiques générées par IA sans consentement, ferme définitivement ses portes. La déconnexion brutale d’un prestataire critique du site aurait provoqué la perte des données et rendu toute relance impossible. Une bonne nouvelle, mais qui ne résout pas le problème de fond.
La chute brutale de Mr. Deepfakes
Mr. Deepfakes, site emblématique de la pornographie deepfake générée par IA, a annoncé sa fermeture définitive. Depuis ce week-end, l’URL du site redirige vers un message de fin de service évoquant la coupure d’un prestataire crucial et une perte de données irréversible. La plateforme précise qu’aucune relance n’est prévue et avertit contre les contrefaçons potentielles (quelle ironie !). Ce clap de fin soudain marque la disparition d’un acteur central de ce marché parallèle, qui exploitait l’intelligence artificielle pour produire des contenus à caractère sexuel — sans le consentement des personnes représentées, bien sûr.
Le message désormais affiché sur le site
Une machine bien rodée depuis 2018
Créé à la suite de l’interdiction des deepfakes sur Reddit et Pornhub, Mr. Deepfakes avait réussi à fédérer une communauté de créateurs et d’acheteurs prêts à investir jusqu’à 1 500 dollars pour des vidéos personnalisées. Le site proposait l’hébergement de vidéos, la mise en relation avec des créateurs rémunérés en cryptomonnaie, ainsi qu’un forum très actif. Ce dernier a joué un rôle clé dans le développement de techniques de plus en plus réalistes, en particulier avec la diffusion du logiciel DeepFaceLab, utilisé dans la majorité des vidéos deepfake. À son apogée, la plateforme comptait plus de 250 000 membres et plus de 43 000 vidéos, visionnées 1,5 milliard de fois.
Le site, avant qu'il ne ferme
La pression légale monte d’un cran
Cette fermeture survient juste après l’adoption aux États-Unis du "Take It Down Act", une loi criminalisant les contenus sexuels non consensuels, y compris ceux générés par IA. Elle impose aux plateformes de retirer ces contenus dans un délai de 48 heures après signalement. Même si l’application de la loi ne commencera qu’au printemps 2026, certains prestataires de services — comme potentiellement des hébergeurs ou fournisseurs de GPU — auraient anticipé les risques juridiques, ce qui aurait indirectement provoqué la chute du site. En 2023 déjà, le site avait bloqué l’accès depuis le Royaume-Uni, en réponse à une législation similaire.
Une disparition qui ne résout rien
La fermeture de Mr. Deepfakes ne signifie pas la fin du phénomène. Le code source de DeepFaceLab reste accessible, et la communauté active a déjà migré vers des plateformes comme Telegram. Les experts s’accordent à dire que cette disparition est un pas dans la bonne direction, mais qu’elle ne suffit pas. Tant que ces outils surpuissants restent disponibles et que la modération sur les réseaux sociaux demeure permissive, la diffusion de deepfakes non consentis restera difficile à contenir.
