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Deepfake et Kanye West ! Furieuse, Scarlett Johansson exige une régulation de l’IA 

Par Laurence - Publié le

Les deepfakes sont de nouveau au cœur de la controverse. Une vidéo virale mettant en scène une vingtaine de personnalités, dont Scarlett Johansson, Mark Zuckerberg, Steven Spielberg, avid Schwimmer et Jack Black, a relancé le débat sur l’utilisation non consentie de l’image des célébrités à l’ère de l’intelligence artificielle.

Deepfake Kanye West


Dissocier le fond de la forme !



Le 11 février dernier, une vidéo en noir et blanc a été publiée sur un compte Instagram spécialisée dans l'IA, montrant plusieurs figures publiques portant un t-shirt blanc avec le prénom Kanye et une étoile juive au coeur d'une main faisant un doigt d’honneur. Le message est assez clair, cette mise en scène fictive réagissait aux récents propos antisémites du rappeur. Pourtant au delà du fond, se pose une sérieuse question de forme.

En effet, ces personnalités n’ont jamais participé à cette vidéo -forcément elle est générée par une IA- et surtout, elles n'ont jamais donné leur accord pour être associées au mouvement. Je précise -encore une fois- qu'il s'agit de leur droit à l'image et non d'un soutien à Kanye West. Car l’illusion est là : leurs expressions, voix et gestuelles sont reproduites à la quasi-perfection, ceux qui ne font pas attention peuvent être trompés.



Scarlett Johansson réclame une régulation stricte de l’IA



L’actrice n’a pas tardé à réagir, dénonçant l’absence de législation claire sur l’utilisation abusive de l’intelligence artificielle. En effet, Scarlett Johansson est souvent l'objet de nombreux détournements -souvenez-vous la voix de chatGPT qui ressemblait étrangement à la sienne. Aussi, exhorte-elle les législateurs à faire de la régulation de l’IA une priorité absolue.

Il est terrifiant que le gouvernement américain soit paralysé lorsqu’il s’agit d’adopter une législation qui protège tous ses citoyens contre les dangers imminents de l’IA. Je suis une femme juive qui ne tolère aucune forme d’antisémitisme ou de discours de haine, rappelle-t-elle. Mais je crois aussi fermement que le potentiel de propagation du discours de haine par l’IA est une menace bien plus grande que celle d’une seule personne qui en assume la responsabilité.

Une législation encore insuffisante contre les deepfakes



Les deepfakes, qu’ils soient utilisés pour manipuler des opinions, diffuser de fausses informations ou créer du contenu non consenti, posent un véritable défi juridique. Aux États-Unis, le Sénat a adopté une loi pour lutter contre les deepfakes à caractère sexuel, mais les avancées restent limitées. Le récent décret de Joe Biden visant à mieux encadrer l’IA a même été annulé par Donald Trump. Donc il n'y pas grand chose à attendre de ce côté.

En France, on est un peu mieux loti juridiquement : la loi sur la sécurisation de l’espace numérique encadre l’utilisation des deepfakes. Ainsi l’auteur d’un deepfake sans consentement risque jusqu’à 2 ans de prison et 45 000 € d’amende. La diffusion d’un montage truqué non signalé est -quant à elle- punie d’un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende. En fonction des circonstances, d'autres fondements juridiques peuvent être invoqués, comme l'usurpation d'identité, la violation du droit à l'image, la diffamation...

Bref, ce n'est pas le carcan normatif qui manque. Mais, en pratique, il faudra tout de même accomplir un certain nombre de formalités -notamment auprès des hébergeurs pour faire retirer les supports litigieux-, mais également porter plainte et saisir la justice. Il est certain que des personnalités publiques -comme Scarlett Johansson- ont un peu plus de poids que l'utilisateur lambda pour faire avancer les choses -au bénéfice de tous, on l'espère...