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Craignant une loi sur la "surveillance de masse", Proton commence à quitter la Suisse

Par Vincent Lautier - Publié le

C'est un coup de tonnerre dans le monde de la tech et de la vie privée. L'entreprise suisse Proton, connue pour sa messagerie et son VPN sécurisés, a annoncé qu'elle commençait à délocaliser ses infrastructures hors de Suisse. En cause : un projet de loi qui, selon elle, instaurerait une "surveillance de masse".

Craignant une loi sur la "surveillance de masse", Proton commence à quitter la Suisse


La fin du "havre de paix" suisse ?



Depuis sa création, Proton a toujours fait de sa nationalité suisse un argument marketing majeur, le pays étant réputé pour ses lois très protectrices de la vie privée. Mais cette réputation est en train de vaciller.

Un projet de révision de la loi sur la surveillance des télécommunications inquiète fortement les acteurs de la tech. Il pourrait obliger les services en ligne à identifier leurs utilisateurs, à conserver leurs données et même, dans certains cas, à déchiffrer leurs communications pour les autorités. Pour Proton, ces mesures s'apparentent à de la "surveillance de masse" et sont "antidémocratiques".

Craignant une loi sur la "surveillance de masse", Proton commence à quitter la Suisse


Une délocalisation "préventive"



Face à cette "incertitude juridique", l'entreprise a donc décidé d'agir. Dans un communiqué, elle annonce une "diversification" de ses infrastructures physiques pour ne pas être "tenue en otage" si la loi venait à être adoptée.

Le mouvement a déjà commencé : le nouveau service d'IA de l'entreprise, "Lumo", sera le premier à ne pas être hébergé en Suisse, ses serveurs étant situés en Allemagne. Proton précise cependant que l'entreprise et tous ses services actuels restent, pour l'instant, sous juridiction helvétique.

Craignant une loi sur la "surveillance de masse", Proton commence à quitter la Suisse


La sécurité par le chiffrement, pas seulement par la loi



Proton en a profité pour rassurer ses utilisateurs. Si l'entreprise continue de se battre contre ce projet de loi, elle rappelle que la sécurité de ses services ne repose pas uniquement sur le cadre légal suisse.

C'est avant tout son architecture technique, basée sur le chiffrement de bout en bout et une politique de "zero-log" (ne pas conserver les journaux d'activité), qui garantit la confidentialité des données. Même si la loi l'y obligeait, Proton affirme qu'elle n'aurait que très peu de données à fournir aux autorités.

On en dit quoi ?



C'est un geste symbolique extrêmement fort. Quand Proton, l'emblème de la "confidentialité à la suisse", commence à fuir le pays à cause de ses propres lois, c'est que le signal d'alarme est tiré. C'est une décision courageuse et préventive de la part de l'entreprise.

Cette affaire montre que la "géographie" de nos données est un enjeu crucial. La protection d'un service ne dépend pas que de sa technologie, mais aussi des lois du pays où il est basé. En choisissant de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, Proton envoie un message clair : la confiance est un combat de tous les instants, y compris contre les dérives potentielles de son propre gouvernement. Et vous, le pays où sont hébergées vos données, c'est un critère important pour vous ?