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Free : des bénéfices records, mais il y a un problème…

Par Vincent Lautier - Publié le

Iliad vient de publier ses résultats trimestriels ce mercredi. Si le groupe de Xavier Niel affiche une santé financière insolente avec un objectif de cash-flow relevé pour 2025, la situation commerciale en France est un peu moins brillante. Le recrutement sur le fixe est à l’arrêt total dans l'Hexagone, contrastant avec les succès en Italie et en Pologne.

Free : des bénéfices records, mais il y a un problème…


Une machine à cash portée par l'international



Sur le plan purement comptable, tout va pour le mieux chez Iliad. La maison-mère de Free a même relevé ses ambitions, annonçant que son objectif de free cash-flow opérationnel de 2 milliards d'euros pour 2025 sera dépassé. Sur les neuf premiers mois de l'année, le bénéfice net a bondi de près de 87 % pour atteindre 840 millions d'euros, tandis que l'EBITDAaL (le principal indicateur de rentabilité) progresse de 5,6 %.

Sauf que voilà, cette solidité financière cache une disparité géographique. Le chiffre d'affaires global grimpe de 2,1 % grâce à l'Italie (+10 %) et la Pologne (+4 %), mais le marché français, historique et principal contributeur, montre des signes d'essoufflement avec un chiffre d'affaires en léger recul de 0,2 %. La croissance organique du groupe repose désormais majoritairement sur ses filiales étrangères.

Free : des bénéfices records, mais il y a un problème…


En France, les Freebox ne recrutent plus



C'est le point noir de cette publication : la stagnation du parc abonnés fixe en France. Pour le deuxième trimestre consécutif, Free enregistre un gain net nul d'abonnés sur ses Box. Le parc reste bloqué à 7,6 millions de clients. Si l'opérateur parvient à migrer ses clients vers la fibre (+100 000 abonnés FTTH), cela suffit à peine à compenser les résiliations sur l'ADSL.

La performance est d'autant plus décevante que la concurrence ne fait pas du surplace. Sur la même période, Bouygues Telecom a recruté 79 000 nouveaux clients et Orange 20 000. Sur le mobile, le bilan est plus mitigé mais positif : Free gagne 100 000 abonnés nets, porté par le succès de son forfait principal, mais perd sans doute du terrain sur les offres d'entrée de gamme. Le lancement récent de Free TV cherche justement à redonner de l'attractivité aux offres sans toucher aux prix.

Le rachat de SFR en toile de fond



Dans ce contexte de marché saturé où la croissance organique devient pénible, les manœuvres de consolidation prennent tout leur sens. Thomas Reynaud, le directeur général, n'a pas souhaité commenter les négociations en cours, mais le refus par Altice de l'offre de rachat de 17 milliards d'euros, portée conjointement par Iliad, Orange et Bouygues, était attendu.

L'international reste la locomotive du volume : l'Italie continue de tout booster avec 209 000 nouveaux abonnés mobiles, maintenant sa position de leader des recrutements pour le 30e trimestre consécutif. C'est cette dynamique hors de nos frontières qui permet au groupe de présenter des chiffres consolidés en hausse.

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On en dit quoi ?



Ces résultats confirment le changement de statut d'Iliad. L'agitateur qui cassait les prix est devenu un gestionnaire financier capable de dégager des marges énormes. Mais en France, la machine commerciale semble grippée. Le fait que Free ne parvienne plus à gagner des abonnés sur le fixe, là où ses concurrents y arrivent encore, pose question sur l'attractivité actuelle des offres Freebox face à une concurrence agressive. Avec des caisses pleines mais un marché bloqué, on comprend mieux l'insistance de Xavier Niel à vouloir racheter SFR : quand on ne peut plus grandir par soi-même, il faut manger les autres.