Le géant japonais Toyota pourrait racheter sa filiale Toyota Industries pour 6 000 milliards de yens. Une opération massive, encore non confirmée, qui pourrait clairement redéfinir la gouvernance du groupe et déclencher une vague de restructurations dans les grands conglomérats japonais.
Une opération colossale
Vous l’avez compris, la vanne du titre cache une opération bien réelle entre deux entités Toyota. En effet, Toyota Motor a confirmé qu'il envisageait une participation, voire un rachat partiel, de Toyota Industries, l’un de ses fournisseurs les plus stratégiques. Le projet, révélé par Bloomberg, évoque une opération de 6 000 milliards de yens (environ 42 milliards de dollars), soit une prime de 40 % sur la valeur de marché actuelle. En réponse, les actions de Toyota Industries ont bondi de 29 % en deux jours. Si rien n’est encore décidé, le signal envoyé est fort : le groupe explore activement une restructuration majeure de sa galaxie d'entreprises.
Des liens historiques et stratégiques
Toyota Industries n’est pas une filiale comme les autres. Fondée en 1926 par Sakichi Toyoda pour fabriquer des métiers à tisser, elle est à l’origine même de Toyota Motor, née comme sa division automobile. Aujourd’hui, elle produit des moteurs, des chariots élévateurs et assemble le SUV RAV4 pour Toyota. Elle détient 9 % de Toyota Motor, qui de son côté possède 24 % de Toyota Industries. Ces participations croisées, typiques du capitalisme japonais, sont dans le viseur des régulateurs et des actionnaires pour leur opacité et leur impact sur la performance financière.
Une réponse aux pressions
Le projet de rachat a en fait du sens dans un contexte de critiques importantes sur la gouvernance du groupe. Des scandales récents sur des tests de sécurité truqués ont entaché la réputation de plusieurs filiales. En parallèle, la Bourse de Tokyo pousse les grandes entreprises à améliorer leur efficacité capitalistique et à simplifier leurs structures. Pour certains analystes, cette opération pourrait être un tournant : elle marquerait la fin des "listings parent-enfant" qui protègent les directions de la pression des marchés.
Recentrage stratégique
En arrière-plan, c’est aussi le rôle d’Akio Toyoda qui attire l’attention. Le président de Toyota, petit-fils du fondateur, serait à l’origine de la proposition. Certains y voient une tentative de renforcer le contrôle familial sur le groupe. D’autres estiment au contraire que cela va dans le sens d’une réforme structurelle attendue.
Quoi qu’il en soit, le projet soulève une question clé : comment conjuguer héritage familial et exigences de transparence dans un groupe aussi stratégique pour l’économie japonaise ? Une affaire à suivre bien sûr.