L’annonce de nouveaux droits de douane par l’administration Trump a déclenché une vague d’expéditions précipitées vers les États-Unis au mois de mars. Deux fabricants de smartphones ont massivement réorganisé leur logistique pour limiter l’impact sur les prix alors que la situation était totalement immaîtrisable.
Un mois de mars record pour les importations de smartphones
Selon les données de Counterpoint Research, les expéditions de smartphones vers les États-Unis ont bondi de 30 % en glissement annuel en mars 2025, et ce, juste avant l’annonce officielle, le 2 avril, d’une nouvelle vague de tarifs douaniers sur les produits électroniques. Les fabricants ont accéléré leurs livraisons pour anticiper la mise en place de ces mesures, provoquant une flambée des stocks sur le territoire américain, en hausse de 51 % par rapport à mars 2024.
La menace tarifaire a également modifié la géographie des chaînes d’approvisionnement. Le premier trimestre 2025 a vu une reconfiguration notable avec une hausse significative des expéditions depuis l’Inde, au détriment de la Chine. Ainsi, en mars, Motorola a triplé son volume d’envois depuis l’Inde, tandis que Samsung a renforcé la production de son Galaxy A16 dans ce pays. Apple a elle aussi massivement accru ses expéditions depuis l’Inde, portant la part des appareils fabriqués localement à 26 % des importations américaines, contre 16 % un an plus tôt.
Apple expédie en urgence pour amortir le choc
Apparemment, Cupertino faisait partie des plus agressifs dans cette course contre la montre (avec des ventes en hausse de... 42 % en mars). La firme a en effet expédié un volume record d’iPhone pour anticiper les hausses tarifaires sur les produits en provenance de Chine, ce qui lui a permis de constituer des stocks jamais vus sur un premier trimestre.
D’après Gerrit Schneemann, analyste chez Counterpoint, ces stocks ont été constitués pour stabiliser les prix tout au long de l’été, au vu de l’incertitude sur les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine. En effet, à chaque jour qui passe, Donald Trump peut tout à fait changer d'avis, comme cela a été le cas depuis le début de son mandat. L’analyste ajoute que si la situation tarifaire ne se débloque pas d’ici l’expédition de l’iPhone 17, l’Inde pourrait devenir la principale base de production pour les modèles vendus aux États-Unis.
Du côté de Samsung, la progression est plus mesurée : +4 % en mars par rapport à l’an dernier. Le Sud-coréen est historiquement moins dépendant de la Chine, ce qui l’a mis dans une position avantageuse au démarrage de la guerre commerciale. Mais cette fois, le Vietnam, où Samsung produit une part importante de ses smartphones, a également été ciblé par des mesures tarifaires inattendues.
Toutefois, les discussions commerciales bilatérales entre Hanoï et Washington ont permis de geler temporairement ces taxes, notamment les 46 % de droits réciproques évoqués. Une pause de 90 jours a également été instaurée, laissant à Samsung un peu de marge de manœuvre avant le lancement en mai de son nouveau Galaxy S25 Edge, et la prochaine génération de Galaxy Z pliables prévue pour l’été.
Un été sous tension pour le marché américain
Avec un climat commercial incertain, une inflation persistante et une guerre des prix toujours intense, toutes les firmes se livrent désormais à un véritable numéro d’équilibriste entre logistique, anticipation fiscale et gestion des stocks. Mais une chose est sûre : l’Inde s’affirme de plus en plus comme un pilier stratégique pour contourner les risques géopolitiques.