Elon Musk riait jaune il y a un mois lors de la panne d'AWS, vantant l'indépendance technique de son réseau. Aujourd'hui, l'ironie est totale : X est paralysé par la défaillance mondiale de Cloudflare. Les utilisateurs, eux, ne se privent pas de rappeler au milliardaire que sur le web centralisé actuel, personne n'est véritablement à l'abri d'une coupure de courant générale.
L'arroseur arrosé par l'infrastructure
Alors que Cloudflare tente toujours de résorber les erreurs 500 qui frappent le web mondial ce mardi, les regards se tournent, avec un peu de cynisme, vers Elon Musk. Le réseau social X figure en bonne place parmi les victimes de cette panne d'infrastructure, laissant des milliers d'utilisateurs incapables de charger leur fil d'actualité ou d'envoyer des messages.
La situation est d'autant plus rigolote que le patron de Tesla s'était fendu, il y a à peine un mois, de commentaires acerbes lors d'une panne majeure d'Amazon Web Service. À l'époque, il se vantait de la robustesse de X, affirmant que sa plateforme n'avait aucune dépendance étrange à AWS et que ses échanges privés étaient chiffrés sans passer par les serveurs de Jeff Bezos.
La mémoire sélective d'Internet
Les internautes ont la mémoire longue et les archives de X ressortent à la vitesse grand V sur les réseaux concurrents comme Reddit ou Bluesky. Le mois dernier, Musk narguait l'application Signal, touchée par la panne AWS, insinuant une supériorité technique de ses propres services. Aujourd'hui, la réalité technique le rattrape : si X ne dépend pas d'AWS, elle dépend massivement de Cloudflare pour sa sécurité et sa distribution de contenu.
Le karma est une bonne chose, n'est-ce pas ?, ironise un utilisateur, soulignant que les nouvelles fonctionnalités de XChat, tant vantées par Musk pour leur indépendance, sont actuellement aussi muettes que le reste de la plateforme.
Un précédent ignoré avec Tesla
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que l'excès de confiance d'Elon Musk se heurte à la réalité des infrastructures cloud. Lors de cette même panne AWS le mois dernier, alors qu'il se moquait de la concurrence sur X, sa propre flotte de véhicules Tesla rencontrait des difficultés. L'application mobile du constructeur, essentielle pour déverrouiller les voitures ou gérer la recharge, avait subi des quelques dysfonctionnements liés... à la panne d'Amazon. Malgré cela, la leçon sur l'interdépendance des services numériques ne semble pas avoir été retenue. Aujourd'hui, c'est Cloudflare qui rappelle qu'aucun géant de la Tech n'est une île isolée du reste du réseau.
On en dit quoi ?
Cet épisode est amusant, mais il soulève quand même une problématique de fond sur la rhétorique des dirigeants de la Tech. Se moquer des pannes concurrentes relève d'une méconnaissance (ou d'un déni) de l'architecture du web moderne. Qu'il s'agisse d'AWS, de Google Cloud ou de Cloudflare, Internet repose sur une poignée de hyperscalers.
Meredith Whittaker, présidente de Signal, l'avait souligné le mois dernier : la question n'est pas de savoir pourquoi on utilise ces services, mais de constater qu'il n'existe presque aucune alternative réaliste à grande échelle. Elon Musk l'apprend aujourd'hui à ses dépens : quand l'infrastructure vacille, tout le monde tombe, même ceux qui criaient le plus fort qu'ils tenaient debout tout seuls.
