Essai BYD Atto 2 : enfin un SUV électrique pas cher, mais à quel prix ?

Les voitures neuves sont de plus en plus chères, et c'est encore pire en électrique, ce qui ne facilite pas la transition du verdissement du parc.



Avec l'Atto 2, le constructeur chinois BYD tente de proposer un SUV familial bien équipé au prix d'une citadine type R5. Mais pour y parvenir, il n'y a pas 36 solutions, il faut taper dans la batterie...

Une bouille rondouillarde

Les voitures électriques sont-elles en train de toutes se ressembler ? Sans doute un peu, car l'efficience exige des courbes aplaties et sans arrêtes, ce qui rend le style sans doute plus inspide.

La BYD Atto 2 rappellera tout de suite la Smart #3 avec ses formes rondouillardes et son toit flottant. Ce n'est pas une mauvaise comparaison, d'autant que l'ensemble offre un assez joli coup de crayon.

A l'avant, on retrouve cette calandre en X typique de BYD, avec des feux très effilés. Pas de frunk (malgré l'espace libre, cf la vidéo) ni de phares matrix LED , il faut bien économiser sur les équipements encore trop chers. (Pour autant, la pompe à chaleur est en standard !)

De profil, les jantes 17" de série ou encore ces poignées affleurantes, offrent une belle ligne à la voiture, qui se prendrait presque pour une petite sportive. Pour autant les bas de caisse sont protégés façon Citroën AirBumps, très pratiques quand on se prend des coups de portes dans les parking ou lorsque les enfants manquent de tact à l'ouverture...

Grande mais pas lourde

Avec 4,31m de long, la BYD Atto 2 va directement concurrencer le Peugeot e2008, les Kia EV3, les MG4 ou encore l'Opel Frontera. On peut même citer le Citroën C3 AirCross (8cm de plus), surtout sur le plan de l'autonomie, comme on le verra plus bas.

Ces dimensions, associées à un rayon de braquage très correct, permettent une bonne agilité en ville, d'autant que la garde au sol (17cm) permet d'éviter d'accrocher sur les parking et même de s'aventurer sur les chemins... ou les dos d'ânes, sans craindre pour la batterie.

Enfin, avec seulement 1570kg, l'Atto 2 est plutôt légère, comparable à une R5 par exemple. C'est tant mieux pour l'efficience, mais la petite batterie y est pour beaucoup.

De la place partout !

L'arrière est assez réussi avec ces éléments de style comme le béquet en trois parties et le large diffuseur, renforçant ce petit côté sportif.

Etonnamment, l'habitabilité est excellente, avec une bonne garde au toit et de l'espace aux jambes. Vu le gabarit, c'est un très bon point ! Les batteries Blade structurelles aident à obtenir un plancher peu épais et sans tunnel central.

Le coffre propose 400L, ce qui est plutôt correct vu le format, avec un système de sous-coffre ajustable pour y loger ses câbles. Dommage de ne pas avoir de frunk, surtout sur une 100% électrique.

Le seuil de chargement reste en revanche assez haut, mais permet aussi de caser de grandes valises, comme sur la Mégane. Je préfère un seuil creusé, qu'un coffre en deux parties, où seule la planche supérieure est vraiment exploitable.

Une clef sur smartphone et Apple Watch !

BYD reste un constructeur très branché, et propose souvent la clef sur téléphone.

Ici, c'est a priori uniquement un système NFC (dont le capteur se trouve sur le rétroviseur) et non un système bluetooth. Il suffit de poser son téléphone ou sa montre sur le tag, pour ouvrir le véhicule.

A priori, cela fonctionne avec l'iPhone et l'Apple Watch, mais nous n'avons pas eu de confirmation définitive (le NFC d'Apple étant largement bridé).

Petite autonomie... pour l'instant

Avec sa batterie Blade LFP de 45,12 kWh brut (40 net ?), il ne faut pas s'attendre à des miracles en matière d'autonomie.

Ce sont finalement les mêmes spécifications que le Citroën C3 AirCross ou l'Opel Frontera avec la petite batterie de 44 kWh. Avec cette capacité, un long trajet comme un Paris-Nice vous demandera au moins 6 ou 7 d'arrêts.

Double punition, la recharge n'est pas très rapide (malgré la dernirère e-platform 3), comptez 37 minutes minimum pour reprendre 80%... ce qui place le second arrêt (et les suivants) avec encore moins de kilomètres (car on ne charge en général qu'à 80%).

Ce n'est pas le V2L (pour brancher un appareil sur la voiture) ou la charge AC en 11 kW qui compensera vraiment ces désagréments. Le salut viendra surtout de la version à 60 kWh pour 420 km, un chiffre assez moyen quand on sait que Tesla dépasse largement les 500Km avec la même capacité et sur un véhicule bien plus spacieux. Reste que pour un usage mixte, 60kWh semblent un minimum pour s'arrêter toutes les 2H et non tous les 140 à 160Km sur autoroute comme ici (à vérifier)

Signalons que la pompe à chaleur est de série, ce qui devrait permettre d'économiser un peu en hiver ou durant les étés très chauds... même si BYD n'est pas toujours très fiable lorsqu'il s'agit de respecter ses vitesses de charge.

Terminons par un bon point : en ville, on a enregistré une consommation autour de 13,5 kWh/100km (alors qu'il faisait assez froid et qu'il pleuvait), ce qui est un excellent score et permettra d'atteindre les 350 à 400Km.

Sportive... sur le papier

Avec un moteur synchrone de 174 ch à l'avant et un 0 à 100 km/h annoncé en 7,9 s, notre Atto 2 est presque une petite GTi !

En ligne droite, les reprises sont effectivement plutôt vives, et c'est toujours sécurisant de pouvoir s'insérer sans peine sur voie rapide ou de doubler sur les nationales plus rapidement. En revanche, sur route humide, notre Atto 2 patinait assez facilement au démarrage et l'on pourrait même regretter que l'antipatinage ne se mette pas en route plus rapidement.

Mais une fois sur les petites routes sinueuses, les suspensions un peu molles offrent un roulis assez sensible. La direction est peu précise et l'on ne peut pas vraiment parler de plaisir de conduite ni vraiment de confort, surtout à l'arrière.

La voiture se rattrape sur voie rapide, avec peu de bruit d'air et une assez bonne insonorisation. Le confort est très appréciable en ligne droite, surtout pour une familiale. Nous n'avons pas pu tester suffisamment longtemps le véhicule pour réellement vous offrir un retour complet sur la conduite hors de la ville, qui nécessitera un essai plus long.

Un intérieur presque premium

A bord de l'Atto 2, le style est étonnamment plus triste qu'à l'extérieur : peu de couleurs et une planche de bord assez austère.

En réalité, ce design passe-partout cache surtout de très bonnes finitions, que ce soient les plastiques moussés, les sièges en faux cuir perforé, ou encore ce petit sélecteur de boite façon cristal, inspiré de Volvo/Polestar.

Mieux, l'équipement est généreux, avec les sièges électriques de série (chauffants en option). Le volant est ajustable et même chauffant (également avec le pack). On peut aussi se délecter des touches physiques pour la régénération, le volume, les modes de conduite ou encore le désembuage.

A l'arrière, ce n'est pas plus gai, mais efficace : pas de tunnel central, 3 places et 2 ISOFIX. Le toit panoramique est également de série, offrant une bonne luminosité dans l'habitacle, de base plutôt sombre.

Enfin, la banquette est fractionnable (2/3 - 1/3) mais n'offre pas de trape à skis.

Un écran orientable !

Chez BYD, la connectivité est assez transversale d'une gamme à l'autre, avec un système de double écran d'instrumentation et d'infodivertissement sur la partie centrale, basé sur Android Automotive (mais sans les services de Google).

L'écran sous le volant est assez large (10"), plutôt avenant et très complet, avec toutes les infos de vitesses, de lecture de panneaux, de conduite semi-autonome et bien-sûr d'autonomie. On s'amuse à regarder les kW s'agiter en ville, surtout lorsque la voiture se recharge au freinage. Sans afficheur tête haute, cet écran se montre bien suffisant, d'autres marques (Tesla pour ne pas la citer) ne proposent ni l'un ni l'autre. Seul regret, il n'est pas vraiment personnalisable, il faudra se contenter des interfaces par défaut.

Sur la partie centrale, l'écran de 10 ou 12,8" (seconde finition) est de très bonne facture et même orientable ! Dommage, CarPlay (sans-fil) ne prend en charge que l'orientation paysage, alors que le mode vertical est justement pratique en mode GPS.

Bien que le véhicule conserve de nombreux boutons physiques (rétroviseurs, activation de la climatisation, dégivrage...), la plupart des commandes passent par l'écran, façon Tesla. Il est assez aisé de régler la température, le volant chauffant ou le puissance de la climatisation depuis la zone très large en bas de l'écran.

Les réglages du véhicule sont plus alambiqués et nécessitent souvent de plonger dans différents sous-menus. Pendant la conduite, ce n'est pas toujours évident, d'autant que les titres ne sont pas toujours très bien traduits.

Un petit menu de raccourcis (personnalisables) est accessible rapidement, via un glissement depuis le haut de l'écran, mais attention à bien réaliser le geste depuis la droite ou la gauche : : bizarrement, si vous appuyez au centre (là où se trouve une icône de notifications), rien ne se passe...

BYD propose quelques applications pour s'occuper pendant les charges, comme YouTube ou des apps de streaming (Spotify) et même des jeux (assez basiques) ou du karaoké ! C'est mieux que de nombreux constructeurs généralistes (Peugeot, Citroën, Volkswagen...) mais encore un cran en dessous de Tesla, Rivian ou de Xpeng, plus complets, et souvent mieux intégrés.

La caméra à 360° avec vision 3D est digne du premium ! Les caméras sont de qualité, même si l'option nécessite le pack d'options Boost. Même si l'on trouve désormais cet équipement sur des véhicules plus modestes, c'est encore assez rare, et surtout avec une telle fluidité !

Nous n'avons pas eu le temps de tester le planificateur d'itinéraire, mais il reste assez basique : pas de filtre d'opérateurs mais une liste de bornes recommandées pour se charger sur long parcours. Sur l'Atto 2, un Paris-Marseille risque d'imposer au moins 6 ou 7 arrêts, et la marge de manoeuvre sera assez limitée vu l'autonomie...

Deux finitions seulement

L'Atto 2 sera disponible en 2 finitions, et très peu d'options (uniquement la peinture, 750€).

Une version 60 kWh à 37 500 € sera proposée plus tard dans l'année. Aucun modèle ne bénéficie du bonus, en attendant l'usine hongroise que BYD est en train de finaliser.

Bilan : petit prix, petite autonomie

Si le prix et les finitions de cet Atto 2 paraissent plutôt alléchants, les chiffres annoncés de l'autonomie risquent de refroidir bon nombre de clients.

En effet, le modèle à petite batterie que nous avons pu tester ne propose que 312 Km WLTP, soit moitié moins sur autoroute : même un Lyon-Nîmes (258Km) nécessitera au moins un arrêt ! Pire encore, les temps de charge rapide ne sont en fait... pas très rapides. Autant dire qu'en dehors d'un usage urbain ou péri-urbain, partir en week-end ou en vacances risque de virer au parcours du combatant, loin d'être impossibles, mais rallongeant largement les temps de trajets habituels.

La version de 60kWh se montrera bien plus polyvalente (420 km WLTP), bien qu'offrant la même autonomie qu'une... Renault 5 (~200 à 250 Km sur autoroute). A plus de 37 000€, on commence d'ailleurs à regarder d'autres modèles (une Tesla Model 3 démarre à 39 990€) ou même une Megane (36 000€ et 470Km WLTP).

Finalement, l'Atto 2 sera un excellent SUV électrique familial exclusivement urbain, avec de l'espace, de grandes facilités en ville, un intérieur soigné et un équipement digne d'un bon généraliste. A l'inverse, il s'agira forcément d'une seconde voiture, sauf à louer un autre véhicule pour les escapades le week-end et pendant les vacances. Dommage, ce genre de modèle renforce l'idée que l'électrique neuf reste l'apanage des foyers relativement aisés.