Volvo nous a ouvert les portes du Volvo Cars Safety Centre à Göteborg pour assister au crash de deux EX90 et découvrir les moyens qui sont mis en oeuvre pour assurer la sécurité des personnes à bord.
Par Driss Abdi
Ce n'est pas tous les jours que l'on peut entrer dans le Volvo Cars Safety Centre situé au fond de l'usine de la marque à Göteborg en Suède. C'est au coeur de cette structure un peu à part que sont testés les systèmes de sécurité avancés, notamment grâce à deux pistes d’essai de 108 et 154 mètres de long.
Celles-ci sont utilisées pour réaliser des crash-tests de voitures thermiques bien sûr, mais aussi d'électriques désormais, à des vitesses jusqu'à 120 km/h. Et ce n'est pas tout, la plus petite des deux pistes peut être orientée à loisir pour simuler des angles d'impact jusqu’à 90 degrés.
Tout aussi impressionnant, un énorme bloc de crash est disponible pour les tests de collisions frontales, arrières et latérales avec un objet fixe. D'un poids 850 tonnes, celui-ci est équipé d'un système de coussins d'air afin de le déplacer à loisir. Plus anecdotique dans nos contrées, Volvo dispose aussi d'une structure en plastique de 500 kg en forme... d’élan.
Un crash entre deux Volvo EX90 (et presque trois)
Installés sur la plateforme d'observation, les yeux des visiteurs sont rivés sur un Volvo EX90 installé en bout de piste. Sur sa gauche, le long tunnel de la piste d'essai de 108 mètres est orienté à 90 degrés, mais c'est finalement d'en face que vient un autre EX90 lancé à 50 km/h. Pour autant, les amateurs de cascades en seront pour les frais, les fameuses ADAS (advanced driver assistance systems soit système avancé d'aide à la conduite) jouant parfaitement leur rôle. En effet, en l'absence de conducteur le freinage d'urgence automatique de la voiture s'est enclenché environ 15 mètres en amont, pour un arrêt complet à quelques centimètres seulement de l'autre Volvo EX90. Interrogé sur ce premier test, Thomas Broberg, Senior Technical Advisor Safety au Volvo Cars Safety Centre nous précise que cette technologie est efficace jusqu’à 70 km/h. Au-delà, elle conserve de l'intérêt car elle va permettre de réduire l’énergie à l'impact afin de limiter les dégâts.
Et de dégâts il va être question quand un troisième Volvo EX90 déboule du tunnel de gauche alors que nous ne nous y attendions pas. Malgré les plus de trois tonnes projetées à 55 km/h sur le côté gauche de la voiture et la violence de l'impact, la cellule de l'habitacle semble entièrement intacte. Thomas Broberg nous explique cette fois qu'un "impact latéral compte parmi les situations les plus très dangereuses en cas d'accident. Ce test a été réalisé à une vitesse plus élevée que ceux pratiqués par Euro NCAP par exemple (qui vaut valeur de référence aujourd'hui, NDR) et que dans la réalité. Nous avons voulu reproduire une situation plus extrême que ce qui se produit généralement lors d'un choc de ce type, avec 30 % d'énergie en plus au moment de l'impact".
Mais quid du système de freinage d'urgence automatique qui aurait du se déclencher comme lors du test précédent ? Point de bug à déplorer, celui-ci a été désactivé par les équipes du Volvo Volvo Cars Safety Centre pour les besoins de cette démonstration. En effet, il s'agit notamment de montrer comment les ADAS fonctionnent et l'importance de la sécurité passive en cas d'accident grave.
Le test étant terminé, nous avons pu nous approcher des véhicules pour voir tout cela de plus près. Malgré la violence du choc, les occupants des deux Volvo EX90 devraient s'en sortir sans blessures graves si l'on en croit les relevés issus des capteurs qui sont intégrés dans les trois mannequins installés à bord. Ceux-ci affichent des caractéristiques proches de celles d'humains, hommes, femmes et enfants. Pour l'anecdote, un seul mannequin coûte entre 100 000 euros et un million d’euros. Ils peuvent être utilisés pendant 30 ans en changeant des composants en cas de besoin, à moins de devoir être remplacés lorsque des déformations importantes sont à déplorer ou qu'ils répondent plus aux critères de certification.
Des milliers de crash-tests chaque année
On l'a dit, un choc latéral compte parmi les plus dangereux qui soient. Plusieurs solutions ont été imaginées dès les années 90, dont la technique du cadre périphérique, qui va se charger de dissiper l'énergie générée lors de l'impact. À cela s'ajoutent les différents airbags présents à bord, et notamment un airbag latéral intégré dans le ciel de toit, et qualifié de coussin par l'ingénieur. Celui-ci va protéger les trois rangées de sièges de la voiture qui était à l'arrêt lors du crash-test de Volvo.
Le conducteur et son passager sont aussi protégés par les airbags à l'avant du Volvo EX90, et les ceintures jouent un rôle primordiale vous vous en doutez bien. Chose qu'on ne sait pas forcément, celles-ci bénéficient d'un système de prétension en amont d'un choc, pour ensuite légèrement se détendre afin de ne pas compresser le corps outre mesure. Jetez donc un oeil sur le ralenti de la vidéo des mannequins dans l'habitacle pour vous en rendre compte.
Comme on le dit souvent, les places arrière sont les plus sûres. En effet, la Volvo EX90 est comme poussée sous les passagers, qui sont en outre protégés par les deux montants B venant encore renforcer l'effet de cage.
Quid de l'autre EX90 lancé à à plus de 50 km/h ? D'après les capteurs, les occupants sont encore moins impactés par l'accident. En effet, quand le bouclier avant a heurté le pilier central de l'autre voiture, la structure s'est déformée afin de venir dissiper l’énergie générée par le choc. Là encore, les ceintures de sécurité ont été pré-tendue afin d'éviter que les occupants ne viennent heurter les éléments situés devant eux. Les mannequins représentants un homme au volant, une femme sur le siège passager et un enfant de six ans assis à l’arrière, permettent de vérifier l'absence de blessure pour ce dernier. Les personnes assises à l'avant devraient elles aussi s'en sortir simplement choquées ou légèrement blessées, par exemple par l'airbag avant qui génère lui aussi un effet de force.
Par ailleurs, on entend souvent dire que les voitures électriques sont plus sensibles aux accidents que les modèles thermiques. Nous avons d'ailleurs pu constater une fuite de liquide sur le Volvo EX90 qui a été percuté à l'arrêt, mais d'après Thomas Broberg, il ne s'agit de rien de plus que d'un liquide de refroidissement. D'ailleurs, la batterie haute tension n'est chargée qu'à 10 %, ce qui suffit amplement pour vérifier les éventuels dégâts en toute sécurité, comme sur un véhicule thermique dont on ne fait pas non plus le plein en carburant.
Au final, assister à un crash-test grandeur nature a quelque chose de vraiment impressionnant. C'est aussi un évènement riche en enseignements pour qui s'intéresse un tant soit peu à l'automobile et aux technologies qui sont mises en oeuvre pour la sécurité. Volvo réalise environ 250 crash-tests par an, dont 140 rien que pour le Volvo EX90.
Bien entendu un même véhicule peut être utilisé plusieurs fois pour des tests différents, par exemple en réalisant un impact à l'arrière si celui-ci n'est pas déjà endommagé. Les voitures sont ensuite démontées, mesurées pour évaluer les déformations de la carrosserie et de la structure. De la même façon, certaines sont parfois envoyées aux équipes de secours pour des exercices de désincarcération. Dans tous les cas, les voitures utilisées pour tous ces tests seront recyclées d'une manière Oud 'une autre.
Enfin, toutes les données recueillies sont intégrées dans les modèles informatiques. Car à côté de ses crash-tests grandeur nature réalisés à Göteborg dans le Volvo Cars Safety Centre, le constructeur suédois en réalise aussi quelques 150 autres chaque jour... sur ordinateur !
