Actualité

Culture

Harcèlement : le procès Ubisoft s'ouvre aujourd'hui

Par Laurence - Publié le

L’affaire avait fait grand bruit en 2020, et elle revient aujourd’hui sur le devant de la scène. Ce lundi 10 mars, le tribunal de Bobigny ouvre le procès de trois anciens cadres d’Ubisoft poursuivis pour harcèlement moral et sexuel. Un nouvel épisode dans la crise qui secoue le géant français du jeu vidéo depuis plusieurs années.

Mise à jour : le tribunal a décidé de renvoyer le procès au 2 juin 2025, à la demande des avocats des parties civiles et de la défense, et ce, en raison d'une communication tardive de pièces nouvelles.


Ubisoft


Une gestion interne mise en cause



Ce matin, Serge Hascoët, ex-directeur créatif du groupe, Tommy François, ex-vice-­président du service éditorial d’Ubisoft et Guillaume Patrux, ex-game director, seront donc jugés pour des faits de harcèlement moral et sexuel remontant à 2020.

Car derrière les succès de l'éditeur, c'est une culture d’entreprise toxique qui a été mise en lumière, dénoncée par de nombreux témoignages suivis par des enquêtes puis une plainte collective déposée en 2020. Les faits reprochés sont graves : on parle d'harcèlement sexuel et moral, de dévalorisations et d'insultes, d'une employée ligotée à une chaise puis maltraitée, de diffusions de films X dans l'open space...

Cité judiciaire de Bobigny
Cité judiciaire de Bobigny


Mais le nom du CEO et fondateur d’Ubisoft, Yves Guillemot, plane comme une ombre. Le syndicat Solidaires Informatique n’a pas mâché ses mots : On considère que l’entreprise a sa part de responsabilité dans l’histoire, et Yves Guillemot en tant que dirigeant. Il était forcément au courant de tout ce qui se passait au sein de l’entreprise

Une citation directe pourrait d’ailleurs être déposée contre le patron d’Ubisoft, même si, pour l’instant, aucune convocation officielle n’a été reçue, selon une source proche de la direction. Ubisoft, en tant qu’entité, n’a jamais été entendue dans cette enquête.

Yves Guillemo
Yves Guillemo


Ubisoft : des promesses de changement, mais une culture encore critiquée



Face au scandale de 2020, Ubisoft avait promis de tourner la page. Des mesures ont été annoncées, comme des formations obligatoires contre le harcèlement et la discrimination, la création d’une équipe spécialisée dans la gestion des incidents et la protection des employés, et des canaux de signalement sécurisés avec l’aide de partenaires externes indépendants. Ou encore une réforme des évaluations de performances pour limiter l’entre-soi et promouvoir la diversité

Malgré ces engagements, le syndicat Solidaires Informatique estime que la culture toxique reste enracinée, avec un manque d’agilité dans la prise de décision et une omerta managériale persistante.

Harcèlement : le procès Ubisoft s'ouvre aujourd'hui


Une stratégie en panne, un avenir incertain



Au-delà des scandales, Ubisoft traverse une période compliquée sur le plan économique et créatif. Les récents échecs commerciaux s’accumulent : Prince of Persia: The Lost Crown a été acclamé par la critique, mais boudé par le public. L'ambitieux Star Wars Outlaws peine à générer l’engouement espéré. Skull & Bones -constamment repoussé-, a été accueilli tièdement à sa sortie. Quant à Assassin’s Creed Shadows, le prochain opus très attendu de la saga phare, sa sortie a été décalée au 20 mars mais a subi une fuite majeure il y a quelques semaines.

Aussi, malgré ses 19 000 salariés et son savoir-faire, l’entreprise semble aujourd'hui dans la tourmente. Les erreurs stratégiques et marketing se multiplient, et les jeux peinent à trouver leur public. Selon le syndicat, le manque d’horizontalité dans les décisions empêche Ubisoft de s’adapter aux attentes des joueurs et d’innover.