Aujourd'hui 5 mai 2025, Microsoft va procéder à la fermeture définitive de Skype, mettant fin à l'un des plus anciens programmes d'appel vidéo. Du rêve estonien à la chute dans l'obsolescence, retour sur le parcours d’une application qui a révolutionné la communication à distance.
Un succès fulgurant
Tout a débuté en août 2003, lorsque deux entrepreneurs -le Danois Janus Friis et le Suédois Niklas Zennström- lancent Skype avec le concours d’une équipe de développeurs estoniens, qui avaient d'ailleurs travaillé sur le logiciel de partage de fichiers Kazaa.
En ce début du 21e siècle, leur but est de démocratiser le VoIP, permettant à n'importe qui de passer des appels vocaux gratuits via internet, et ce, indépendamment des opérateurs téléphoniques et des tarifications délirantes des fixes comme des portables pour les appels internationaux.
Une véritable révolution se joue alors ! Le succès est au rendez-vous. En une petite année, le service compte 11 millions d’utilisateurs. En 2005, ils sont 54 millions. Et ce nombre continue de grandir : le cap des 100 millions est franchi en 2006, puis 405 millions en 2008.
Des rachats successifs
Très vite, certains remarquent le potentiel du programme. En 2005, eBay rachète Skype pour 2,6 milliards de dollars. Le groupe veut de faciliter la communication entre vendeurs et acheteurs sur la plateforme de commerce en ligne. Mais la collaboration ne fonctionne pas vraiment : la croissance continue pour Skype sans véritable intégration stratégique chez eBay.
En 2009, la plateforme revend 65 % de Skype à un consortium d’investisseurs mené par Silver Lake Partners, tout en conservant une part minoritaire. En 2011, Microsoft en rachète la totalité pour 8,5 milliards de dollars, il s'agit là de sa plus grosse acquisition à l’époque. Redmond voit en Skype le futur de la communication, qui pourra remplacer Windows Live Messenger (Kleenex ici aussi) et concurrencer des services naissants, FaceTime et WhatsApp.
Une autre victime du Covid-19 ?
Après plusieurs années assez laborieuses, Skype devient un peu trop complexe à utiliser, avec certaines lenteurs techniques. L’interface évolue peu, les fonctionnalités peinent à suivre l’évolution de plus en plus rapide des usages mobiles et des attentes des utilisateurs. Microsoft s'embourbe un peu et ne parvient pas à faire évoluer Skype vers le modèle de chat rapide et collaboratif de Slack et Discord.
La pandémie de COVID-19 aurait pu être l’occasion de redonner un souffle à Skype. Mais Microsoft mise sur son autre bébé, Teams plus moderne et surtout plus adapté au monde professionnel et aux nouvelles conditions de travail à la maison. Sans compter l'arrivée d'un outsider à la croissance fulgurante qui a failli le faire exploser en vol : Zoom !
Dès lors, la plateforme va sombrer, sans pouvoir se raccrocher. Aujourd'hui, son héritage reste incontestable car elle a démocratisé les appels vidéo et posé les bases de la VoIP pour des milliards d’utilisateurs, inspirant toute une génération d’applications de messagerie. Mais c'en est bien fini : par ce lundi bien pluvieux, Skype a donc cessé d'exister, après plus de deux décennies. Il ira rejoindre Google Talk (devenu Hanghout), qui a officiellement été arrêté en 2017
