C'est la fin d'une discrimination qui aura duré plus de 40 ans, jusque dans les archives. L'Établissement français du sang a annoncé qu'il allait supprimer de ses fichiers toutes les données relatives aux relations homosexuelles de ses donneurs, une mention jugée aujourd'hui caduque.
La fin du fichage "HSH"
La décision, confirmée par la direction de l'EFS, est une victoire pour les associations de défense des droits LGBT+. D'ici la fin de l'année, l'établissement va procéder à la suppression de toutes les mentions "HSH" (hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes) de ses bases de données.
Pour les personnes qui avaient été refusées au don à cause de ce critère et qui n'ont jamais donné leur sang, leur dossier sera intégralement effacé. Pour celles qui ont pu donner à d'autres moments, seule la mention "HSH" sera retirée de leur profil.
Une longue et lente évolution
Cette suppression de données est le dernier chapitre d'une longue histoire de discrimination. Pour rappel, de 1983 à 2016, les hommes homosexuels étaient totalement exclus du don du sang en France, au nom du risque de transmission du SIDA.
La loi a ensuite évolué très lentement : autorisation en 2016 mais avec une période d'abstinence d'un an, puis de quatre mois en 2019. Ce n'est qu'en mars 2022 que toute référence à l'orientation sexuelle a été définitivement supprimée des questionnaires de don. Problème : l'EFS avait conservé dans ses archives toutes les données "HSH" collectées pendant des décennies.
Une pétition et une victoire citoyenne
Le déclic est venu de la société civile. Au printemps 2025, un particulier a contacté l'EFS pour demander l'effacement de ses données personnelles. Dans la foulée, l'association LGBT+ "Tous.tes" a lancé une pétition qui a recueilli plus de 15 000 signatures.
Face à cette pression, et après consultation du ministère de la Santé, l'EFS a reconnu que la conservation de ces données n'avait plus aucune justification en matière de sécurité transfusionnelle et a accepté de les supprimer.
On en dit quoi ?
C'est une victoire pour les droits des personnes LGBT+, mais aussi pour le droit à la vie privée. Il était anormal qu'en 2025, une administration conserve des données aussi sensibles sur l'orientation sexuelle de milliers de citoyens, sur la base de critères aujourd'hui jugés discriminatoires.
Cette affaire montre l’intérêt de la mobilisation citoyenne, même face à une grande institution. Il a fallu l'action d'un individu, puis d'une association et d'une pétition, pour que l'EFS accepte de se mettre en conformité avec l'esprit de la loi. C'est un rappel que le "droit à l'oubli" n'est pas toujours automatique et qu'il faut parfois se battre pour l'obtenir. Et vous, que des données aussi sensibles sur l'orientation sexuelle soient conservées par une administration, ça vous choque ?