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Cloudflare lourdement condamné au Japon pour son rôle dans le piratage de mangas

Par Vincent Lautier - Publié le

Le verdict est tombé au Japon : Cloudflare, l'un des plus grands réseaux de diffusion de contenu au monde, est contraint de payer 3 millions d’euros à de grands éditeurs de mangas. La justice estime que la société a "facilité" le piratage en ligne en fermant les yeux sur l'activité massive de sites illégaux.

Cloudflare lourdement condamné au Japon pour son rôle dans le piratage de mangas


Cloudflare au service des pirates ?



L'affaire opposait quatre géants de l'édition japonaise, Shueisha, Kodansha, Shogakukan et Kadokawa, à Cloudflare, une entreprise américaine bien connue qui optimise la vitesse des sites web. Le rôle de Cloudflare, en tant que CDN (Content Delivery Network), est de stocker temporairement des copies de données sur des serveurs répartis partout dans le monde. Quand vous visitez un site, vous recevez le contenu du serveur le plus proche, ce qui rend la navigation beaucoup plus rapide.

Le problème ? Les éditeurs ont prouvé que Cloudflare fournissait ce service à deux énormes sites de piratage de mangas qui distribuaient plus de 4 000 titres sans autorisation. Ces plateformes illégales attiraient des centaines de millions de visites par mois. En accélérant la distribution du contenu piraté et en aidant les opérateurs à masquer leur véritable localisation, Cloudflare a permis à ces sites de prospérer et de générer des revenus publicitaires.

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Avertissements ignorés et complicité



Le Tribunal de district de Tokyo n'a pas affirmé que Cloudflare était l'hébergeur direct des mangas volés, mais que son silence après des alertes répétées était inacceptable. Les éditeurs avaient en effet envoyé de multiples notifications de droits d'auteur à la société. Cloudflare, qui avait déjà été impliqué dans des affaires similaires et avait conclu un règlement en 2019, a pourtant continué de fournir ses services.

Pour la juge, le fait de maintenir l'aide technique après avoir été clairement averti revient à de l'assistance à la contrefaçon. Elle a souligné que le service de Cloudflare permettait la distribution d'une quantité massive de données que l'entreprise aurait pu reconnaître comme piratées. La condamnation s'élève à 500 millions de yens, soit environ 3 millions d’euros. C'est une somme importante, mais c'est surtout le message juridique qui est fort.

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Le précédent qui change la donne



Cloudflare a qualifié la décision de regrettable et a immédiatement annoncé son intention de faire appel. Quoi qu'il arrive en appel, ce jugement du 19 novembre 2025 établit déjà un précédent historique. C'est la première fois au Japon qu'une entreprise d'infrastructure Internet est tenue responsable pour avoir facilité le piratage.

Jusqu'à présent, ces sociétés jouissaient d'une sorte de neutralité technique, rejetant la faute sur les utilisateurs finaux. Cette nouvelle jurisprudence oblige les CDN à prendre leurs responsabilités, en particulier en renforçant les vérifications d'identité des clients suspects et en réagissant rapidement aux signalements de violations. Le piratage deviendra plus cher et plus risqué pour les opérateurs.

On en dit quoi ?



C'est un coup de semonce très net. Pendant des années, l'industrie créative a lutté contre les pirates, alors que les fournisseurs d'infrastructure comme Cloudflare s'abritaient derrière le simple rôle de tuyau. Cette décision met fin à cette immunité. Le problème n'est pas que le CDN existe, mais qu'il ait continué de monétiser activement des sites dont l'illégalité était connue. C'est une victoire importante pour les droits d'auteur, mais elle ouvre un débat complexe sur qui doit contrôler le contenu sur Internet. Désormais, ignorer un signalement ne sera plus une option.


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