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Rapidus : le pari à 30 milliards du Japon pour rivaliser avec TSMC et Samsung

Par Laurence - Mis à jour le

La course aux semi-conducteurs de pointe prend une nouvelle dimension au Japon avec Rapidus. En effet, le pays se lance dans un pari industriel monumental : construire une usine de fabrication de puces avancées capables de rivaliser avec les géants TSMC et Samsung. Ce projet titanesque, financé en grande partie par l’État japonais, vise à relancer l’industrie nationale des semi-conducteurs et à sécuriser l’approvisionnement en technologies stratégiques.

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Un site à la hauteur des ambitions japonaises



Vue du ciel, l’usine Rapidus en construction à Chitose (au nord du Japon) impressionne par ses dimensions. Son terrain, équivalent à la taille de Tokyo Disneyland, abritera l’une des infrastructures les plus coûteuses jamais construites dans le domaine des semi-conducteurs. Elle a en effet pour objectif de produire, dès 2027, des puces gravées en 2 nm, un exploit technologique que seuls TSMC et Samsung maîtrisent actuellement.

Le projet est dirigé par Atsuyoshi Koike, vétéran de l’industrie, qui n’hésite pas à comparer cette aventure à l’ascension du mont Fuji : Nous avons déjà gravi 10% du mont Fuji. Mais nous visons le sommet. Un sommet qui passe par la réception, en décembre 2024, d’une machine EUV (Extreme Ultraviolet Lithography) NXE3800 de la société néerlandaise ASML. D’une valeur de 180 millions d’euros à l'unité, cette machine est un concentré d’innovation, capable de graver des circuits à l’échelle de l’atome.

Rapidus : le pari à 30 milliards du Japon pour rivaliser avec TSMC et Samsung


Une riposte aux tensions géopolitiques et à la domination asiatique



Si le Japon mise autant sur Rapidus, c’est aussi pour réduire sa dépendance vis-à-vis de Taïwan et de la Corée du Sud. Aujourd’hui, plus de 90% des puces avancées sont produites par TSMC et Samsung, une concentration jugée risquée en raison des tensions entre la Chine et Taïwan. Avec Rapidus, Tokyo veut sécuriser son approvisionnement, tout en se repositionnant comme un acteur clé du marché mondial.

Le gouvernement japonais a injecté des milliards d’euros pour soutenir ce projet, mais le chemin reste semé d’embûches. La fabrication de puces à l’échelle du nanomètre est un défi technologique colossal, nécessitant des investissements massifs et une expertise de pointe. Rapidus devra aussi faire face à la pénurie d’ingénieurs spécialisés, alors que TSMC et Intel se disputent déjà les meilleurs talents.

Enfin, l’ambition de Rapidus ne se limite pas aux semi-conducteurs classiques. L’usine prévoit de se spécialiser dans des puces adaptées aux besoins de l’intelligence artificielle, du cloud computing et des véhicules autonomes. Un positionnement stratégique qui pourrait faire du Japon un acteur incontournable de la prochaine révolution numérique.