Une opération internationale coordonnée par Europol a permis de démanteler KidFlix, une plateforme pédopornographique du darknet rassemblant 1,8 million d’utilisateurs. Avec 91 000 vidéos d’abus, 79 arrestations et 39 enfants protégés, il s’agit de l’une des plus vastes affaires de pédocriminalité numérique jamais révélées.
Une plateforme tentaculaire au cœur du darknet
KidFlix, apparue en 2021, était l’une des plus grandes plateformes de contenus pédopornographiques jamais recensées sur le darknet. Accessible via abonnement payé en cryptomonnaies, le site proposait 91 000 vidéos, soit plus de 6 000 heures de sévices sexuels, souvent d’une extrême violence. Les utilisateurs pouvaient rechercher les contenus selon l’âge des enfants, avec des catégories allant jusqu’à des nourrissons. Ce service de streaming, inspiré des plateformes légales, permettait un visionnage direct sans laisser de trace sur les appareils des abonnés, ce qui rendait plus difficile leur identification par les autorités.
Une enquête internationale et une opération massive
Après trois ans d’enquête menée par la justice bavaroise et coordonnée par Europol, l’opération Stream a permis d’intervenir dans 38 pays entre les 10 et 23 mars 2025. Les forces de l’ordre ont procédé à 79 arrestations, à l’identification de 1 400 suspects, et à la saisie de plus de 3 000 dispositifs électroniques. Le serveur principal, situé aux Pays-Bas, a été confisqué. Malgré ces avancées, les administrateurs de la plateforme restent introuvables. Un message laissé sur le site avant sa disparition laisse penser qu’ils prévoient de relancer leur activité ailleurs.
Un modèle criminel structuré et lucratif
KidFlix est vraiment un tournant dans la manière dont les contenus pédopornographiques sont produits et diffusés. Les utilisateurs devaient uploader au moins une vidéo pour accéder aux services, renforçant du coup l’alimentation constante de la base de données. Le système d’abonnement, de 5 à 165 euros selon les formules, a généré d’importants revenus pour les exploitants. Les enquêteurs ont identifié les utilisateurs en suivant les flux financiers entre cryptomonnaie et monnaie classique, ce qui a permis, entre autres, la saisie d’un portefeuille numérique contenant près de 200 000 euros.
Parmi les contenus analysés, de nombreux enfants ont pu être identifiés et mis à l’abri
Parmi les contenus analysés, de nombreux enfants ont pu être identifiés et mis à l’abri, en particulier en Allemagne. Dans certains cas, les autorités ont dû intervenir avant la fin de l’enquête pour protéger des mineurs en danger immédiat. Tous les suspects étaient des hommes, avec un âge moyen de 31 ans. Beaucoup étaient déjà connus pour des faits similaires, et certains ont eux-mêmes commis les abus qu’ils partageaient. L’affaire KidFlix montre une fois de plus l’évolution préoccupante de la pédocriminalité en ligne, désormais structurée autour de plateformes organisées, et montre toujours plus la nécessité de renforcer les moyens de lutte à l’échelle internationale.