Pour ne pas dépendre du Starlink d'Elon Musk, l'État français va devenir le premier actionnaire d'Eutelsat. Une opération à plus de 700 millions d'euros pour tenter de sauver et de relancer le seul concurrent européen dans la course aux satellites.
Une augmentation de capital pour sauver le soldat Eutelsat
C'est une opération de sauvetage et de souveraineté. L'opérateur de satellites Eutelsat, en difficulté financière, a annoncé hier une augmentation de capital massive de 1,35 milliard d'euros. L'État français, via son Agence des participations (l’APE), va y injecter 717 millions d'euros.
Cette manœuvre, qui doit être finalisée d'ici la fin de l'année, va faire de l'État le premier actionnaire du groupe avec près de 30% du capital, contre 13% aujourd'hui. D'autres actionnaires stratégiques français, comme l'armateur CMA CGM, suivront le mouvement.
Objectif : la souveraineté numérique face à Musk
La raison de cette intervention massive de l'État est simple, et elle a un nom : Starlink. L'Élysée l'a dit sans détour : "La course est maintenant. [...] Sinon, l’ensemble du marché sera pris et la France et l’Europe seront demain dépendantes d’autres puissances".
Après avoir vu l'influence géopolitique cruciale qu'a prise le réseau d'Elon Musk en Ukraine ou en Iran, la France a décidé qu'elle ne pouvait pas se permettre de ne pas avoir son propre champion. L'enjeu est de garantir une souveraineté numérique et stratégique dans le domaine de la connectivité spatiale.
Un concurrent européen encore loin derrière Starlink
Eutelsat est-il vraiment un concurrent pour Starlink ? Sur le papier, depuis sa fusion avec le britannique OneWeb en 2023, le groupe possède la deuxième plus grande constellation de satellites en orbite basse au monde.
Sauf que voilà, avec un peu plus de 600 satellites, il reste un nain face aux plus de 7 000 satellites déjà déployés par SpaceX. L'argent levé servira donc principalement à financer la deuxième génération de satellites OneWeb et à réduire une dette colossale qui menaçait la survie de l'entreprise.
L'Europe suivra-t-elle la France ?
Cette prise de contrôle s'accompagne d'une dimension militaire. Le ministère des Armées a signé un accord-cadre d'un milliard d'euros sur dix ans avec Eutelsat. La France espère maintenant entraîner le reste de l'Europe dans son sillage, en particulier pour le projet de constellation européenne IRIS².
Mais pour l'instant, la France fait un peu cavalier seul. Des discussions sont en cours avec le gouvernement britannique (qui détient 10,9% d'Eutelsat), mais ni l'Allemagne ni d'autres partenaires majeurs n'ont confirmé leur participation.
On en dit quoi ?
Face à la vitesse et à la puissance de Starlink, l'État français a sorti le carnet de chèques. C'est une nationalisation qui ne dit pas son nom, un "quoi qu'il en coûte" appliqué à la souveraineté spatiale. D'un côté, c'est une décision logique : ne pas avoir notre propre alternative à Starlink serait une folie stratégique.
De l'autre, on assiste au sauvetage d'une entreprise en difficulté financière pour en faire un porte-drapeau un peu poussif. La grande question est de savoir si cet investissement massif permettra de créer un vrai champion européen agile ou simplement un acteur sous perfusion d'argent public qui aura du mal à suivre le rythme effréné imposé par Musk. Vous en pensez quoi vous ? Est-ce que l'État a raison d'investir massivement pour ne pas laisser le champ libre à Elon Musk ?
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