L’Observatoire de l’infobésité et de la collaboration numérique (OICN) vient de publier aujourd'hui, une synthèse inédite sur les effets délétères des technologies numériques sur la santé au travail.
Fatigue visuelle, sédentarité et troubles musculo-squelettiques
Intitulée Technologies numériques et risques professionnels, cette étude croise de nombreuses publications scientifiques avec les données collectées par Mailoop, cabinet spécialisé dans les usages numériques en entreprise. Et le constat est sans appel : le numérique, omniprésent dans notre quotidien professionnel, altère à la fois notre santé physique et mentale.
La généralisation du travail sur écran a multiplié les signaux d’alerte physiques : fatigue oculaire, maux de tête, douleurs dorsales… Selon l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail, la posture assise prolongée est désormais identifiée comme le premier facteur de risque professionnel, devant même les troubles musculo-squelettiques liés aux gestes répétitifs.
La sédentarité, longtemps considérée comme une problématique d’ordre personnel, pourrait-elle donc devenir une maladie professionnelle. En cause ? La montée en puissance du télétravail et des outils numériques, qui enferment les salariés devant leurs écrans pendant des heures. Diabète, obésité, maladies cardiovasculaires peuvent être graves, selon Suzy Canivenc, docteure en sciences de l’information et de la communication, qui a dirigé la rédaction du rapport.
Complexité accrue et surcharge mentale
A cela s'ajoutent les soucis au niveau de la santé mentale. La transformation digitale complexifie le travail : trois salariés sur quatre estiment que leur travail est devenu plus difficile, et 42 % attribuent ce phénomène à la numérisation croissante.
Un autre chiffre frappant est mis en lumière : les cadres dirigeants passeraient en moyenne 10h39 par jour en interaction avec des outils numériques. Un temps de connexion étendu qui brouille les frontières entre vie professionnelle et vie personnelle, et nourrit une forme d’aliénation invisible mais bien réelle.
Les sollicitations permanentes H/24, la multiplication des outils de communication et la gestion incessante d’informations engendrent une charge mentale -autre mal du siècle- diffuse, mais constante. Des tâches comme répondre à des emails, envoyer des relances ou coordonner avec ses collègues prennent une place croissante. Mais ces dernières sont souvent absentes des fiches de poste et des plannings officiels. Elles sont également peu prises en compte ou évoquées devant la médecine du travail.
L’étude invite donc les entreprises à repenser en profondeur leur utilisation des outils numériques -plus encore avec l'explosion de l'IA- pour éviter que les outils censés faciliter le travail ne deviennent des sources de souffrance...