Apple est de nouveau dans le viseur de Bruxelles. Alors que la firme défend depuis des années son écosystème fermé comme le seul moyen d’assurer la sécurité des utilisateurs, l’Union européenne a ouvert une nouvelle enquête portant sur la présence d’applications frauduleuses dans l’App Store.
Un argument de sécurité fragilisé
Apple a souvent justifié la situation de monopole de son App Store par des raisons de sécurité : en contrôlant la distribution des applications, elle affirmerait protéger les utilisateurs d’arnaques et de malwares. Pourtant, plusieurs études viennent nuancer ce discours.
Dès 2021, une enquête révélait que près de 2 % des apps les plus rentables de l’App Store étaient frauduleuses, générant des millions de dollars de revenus pour leurs développeurs. Plus récemment, un service de rencontre vulnérable, ayant exposé les conversations privées de dizaines de milliers de femmes, a été validé par l’équipe d’Apple.
Ces cas fragilisent l’argumentaire de Cupertino, alors même que l’entreprise a dû ouvrir la porte aux boutiques d’applications tierces en Europe sous la pression du Digital Markets Act (DMA).
Bruxelles élargit son enquête
Selon le Financial Times, la Commission européenne va examiner si Apple, mais aussi Google, Microsoft et Booking.com, prennent les mesures nécessaires pour protéger les consommateurs face aux escroqueries numériques.
Pour Apple et Google, l’attention porte sur les fausses applications bancaires et autres logiciels frauduleux disponibles dans leurs stores. Pour Microsoft et Google, ce sont les résultats de recherche trompeurs qui sont pointés du doigt. Pour Booking.com, la Commission enquête sur des faux logements proposés en ligne, qui auraient piégé de nombreux vacanciers.
Henna Virkkunen, commissaire européenne au numérique, a souligné que la lutte contre les fraudes financières devient une priorité, après une série d’actions déjà engagées sur la protection de l’enfance et l’intégrité des élections.
De lourdes sanctions possibles
Si l’UE estime qu’Apple et les autres acteurs n’ont pas respecté leurs obligations légales pour bloquer les contenus illégaux, les sanctions pourraient atteindre jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial. Pour Apple, cela représenterait potentiellement plusieurs dizaines de milliards de dollars.
Alors que la firme multiplie les arguments contre l’ouverture de son écosystème, l’enquête européenne risque de relancer le débat : si même l’App Store officiel laisse passer autant d’applications frauduleuses, la promesse d’une plateforme sûre et contrôlée pourrait apparaître comme une illusion.