Les autorités américaines et britanniques ont frappé un coup sans précédent contre le Prince Group, un conglomérat cambodgien accusé d'avoir bâti un empire criminel fondé sur les scams crypto et le travail forcé. À la clé, la saisie de 127 271 bitcoins.
Visuel : CNN
Le Prince Group, une façade pour un empire criminel
Le Département de la Justice américain a annoncé avoir saisi 127 271 bitcoins, soit environ 15 milliards de dollars, dans le cadre d’une vaste enquête sur un réseau international de scams crypto. Ce réseau serait dirigé par Chen Zhi, patron du conglomérat cambodgien Prince Group. Officiellement impliqué dans l’immobilier et la finance, le groupe abritait en réalité un système massif de fraude à l’investissement reposant sur des centres d’escroquerie alimentés par du travail forcé. Le montant saisi représente la plus importante confiscation de cryptomonnaie jamais réalisée par les autorités américaines.
Des "fermes à téléphones" pour des arnaques à grande échelle
Derrière cette opération de façade se cachaient au moins dix camps installés à travers le Cambodge. Ces installations, entourées de murs et de barbelés, servaient de plateformes de fraude en ligne, opérées par des travailleurs recrutés via de fausses offres d’emploi, puis contraints de participer à des scams, souvent sous la menace ou la violence. Certains sites géraient jusqu’à 76 000 comptes sur les réseaux sociaux via des "fermes à téléphones", destinées à piéger les victimes dans des schémas de type pig butchering : des relations numériques de confiance simulées pour détourner des fonds.
Une mécanique bien huilée
Selon l’acte d’accusation, le Prince Group exploitait plus de 100 entités dans 30 pays. En plus des activités en Asie du Sud-Est, des relais auraient été identifiés aux États-Unis, en particulier à Brooklyn. Le groupe blanchissait ses profits via des portefeuilles crypto non régulés, des casinos en ligne et des sociétés de minage. Les fonds détournés servaient à financer un train de vie ostentatoire : yachts, jets privés, montres de luxe, et même un Picasso acquis à New York.
On en dit quoi ?
Cette affaire est un tournant dans la lutte contre les scams crypto à grande échelle. Elle montre aussi l’efficacité des sanctions financières coordonnées à l’international pour frapper au portefeuille ces réseaux criminels. Le recours massif aux cryptos dans ces arnaques montre aussi que les acteurs malveillants ont su tirer parti de la complexité des infrastructures blockchain pour brouiller les pistes. Le coup porté au Prince Group est important, mais pose aussi une question : s’attaque-t-on vraiment au cœur du système ou à une tête parmi d’autres dans un hydre encore plus globalisé ?