Le fondateur de Telegram, Pavel Durov, a ravivé l’une des thèses complotistes les plus explosives du moment en déclarant « entièrement plausible » une information non vérifiée diffusée par la commentatrice conservatrice américaine Candace Owens. Celle-ci affirme que le couple Macron serait impliqué dans l’assassinat de l’activiste pro-Trump Charlie Kirk en septembre 2025, et même dans un projet visant à le faire éliminer lui. Rien que ça.
Cette prise de position, inattendue mais largement relayée en ligne, intervient dans un contexte où Durov est déjà en conflit frontal avec les autorités françaises depuis son arrestation et son placement sous contrôle judiciaire. En donnant du crédit à de telles rumeurs, l’entrepreneur renforce considérablement leur écho et s’inscrit dans une dynamique politique qui dépasse largement sa situation personnelle.
Un CEO en froid avec Paris s'aligne sur l'extrême droite américaine
La déclaration de Durov sur X s’inscrit en fait directement dans ses démêlés judiciaires. Accusé depuis 2024 de « complicité de crimes » en raison de la modération jugée trop laxiste de Telegram, il s’oppose ouvertement à Paris et se présente comme une victime d’un acharnement politique. Pour expliquer son soutien à Candace Owens (déjà poursuivie par les Macron pour diffamation) il rappelle que Charlie Kirk avait récemment tenté de faire pression sur la France en demandant à l’administration Trump d’imposer des tarifs douaniers de 300 % sur le vin français, dans l’espoir de faire tomber les poursuites le visant. Pour Durov, Kirk était un allié stratégique dans ce bras de fer. Il l’a même qualifié de héros, signe d’un alignement assumé avec une partie de la droite américaine la plus radicale.
Des allégations sans preuves basées sur des rumeurs
Candace Owens affirme, sans fournir la moindre preuve, qu’un haut fonctionnaire français lui aurait confié que le couple Macron aurait commandité et payé son assassinat par une équipe du GIGN, et que l’assassin de Charlie Kirk serait lié à la 13ᵉ Brigade de la Légion étrangère. Ces accusations extrêmes recyclent des narratifs déjà présents dans plusieurs opérations de désinformation identifiées, dont l’opération Storm-1516 associée à Evgueni Prigojine. À ce jour, aucune autorité, française, américaine ou israélienne, n’a bien sûr confirmé ces éléments, qui demeurent entièrement spéculatifs. Mais la validation publique de Durov leur offre une visibilité disproportionnée.
On en dit quoi ?
Voir le PDG de Telegram relayer une théorie du complot de cette ampleur est révélateur d’une dérive plus large. Ce n’est pas la crédibilité de ces allégations qui frappe, mais le choix délibéré d’un acteur majeur de la Tech d’alimenter un narratif issu de l’extrême droite américaine. Durov, souvent présenté comme un défenseur de la liberté d’expression, semble ici instrumentaliser son influence en réaction à ses propres difficultés judiciaires. Une évolution qui interroge sur la responsabilité de ces figures lorsqu’elles décident d’embrasser, pour des raisons personnelles, les codes et les réflexes du complotisme.
