Nintendo poursuit un modérateur Reddit pour avoir distribué illégalement des jeux Switch. La firme japonaise réclame 4,5 millions de dollars, un montant qu’elle juge pourtant loin de couvrir les dommages causés.
Un modérateur accusé de piratage massif
James Williams, alias « Archbox », est dans le viseur de Nintendo. Modérateur du subreddit SwitchPirates, communauté réunissant plus de 200 000 membres, il est accusé d’avoir administré plusieurs « Pirate Shops » proposant des bibliothèques complètes de jeux Switch piratés. Selon la plainte déposée au tribunal fédéral de Washington, Williams aurait copié, distribué et promu des centaines de titres Nintendo, tout en fournissant l’aide technique pour contourner les protections de la console.
Des avertissements ignorés, une plainte déposée
Nintendo affirme avoir tenté un règlement à l’amiable dès mars 2024, via une lettre de mise en demeure. Williams aurait d’abord reconnu les faits et promis de coopérer, avant de se rétracter, niant son implication. La société décrit une attitude combative et non coopérative de la part du modérateur, qui aurait ensuite supprimé des preuves en ligne. Après plusieurs relances restées sans réponse, Nintendo a engagé une procédure judiciaire en juin 2024. L’entreprise demande désormais un jugement par défaut, Williams ne s’étant pas défendu dans les délais.
4,5 millions demandés pour 30 jeux piratés, au moins
Le montant réclamé par Nintendo (4,5 millions de dollars) correspond à 150 000 dollars par jeu, soit le plafond prévu par la loi pour les infractions considérées comme volontaires. Nintendo précise qu’elle se concentre ici sur une trentaine de titres, tout en renonçant à d’autres demandes potentielles : dommages statutaires pour contournement des DRM, frais d’avocats ou atteinte au DMCA. La firme estime ce chiffre conservateur par rapport à l’ampleur du préjudice.
Une stratégie judiciaire agressive mais assumée
Ce n’est pas la première fois que Nintendo s’attaque aux figures du piratage, loin de là. L’entreprise a déjà gagné plusieurs procès, parfois en collaboration avec le FBI, et obtenu jusqu’à 2 millions de dollars contre des moddeurs. Elle affirme vouloir protéger ses propriétés intellectuelles face à une diffusion illégale croissante de ses jeux, qui lui aurait coûté 170 millions de dollars selon certaines estimations. Le procès contre Williams fait partie de cette logique de dissuasion, ciblant les têtes de réseaux plutôt que les simples utilisateurs.
On en dit quoi ?
Nintendo poursuit sa ligne dure contre le piratage, sans nuances ni demi-mesures. La somme demandée n’a pas seulement une fonction réparatrice, elle cherche surtout à intimider. En ciblant un modérateur visible, Nintendo cherche un effet d’exemplarité. Mais à trop frapper fort, la firme pourrait renforcer la défiance d’une partie de sa communauté. Le débat reste ouvert : jusqu’où une entreprise peut-elle aller pour défendre sa propriété intellectuelle sans basculer dans la répression tous azimuts ?
