L’intelligence artificielle s’invite dans l’Éducation nationale. Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale, vient de dévoiler un plan ambitieux visant à intégrer l’IA dans les programmes scolaires. Un appel d’offres de 20 millions d’euros sera lancé dès l’été 2025 pour développer une IA souveraine et évolutive, avec une mise en place prévue pour l’année scolaire 2026-2027.
Une IA pour assister les enseignants
L’objectif principal de cette démarche est de proposer un outil IA à destination des gestionnaires des 1,2 million de personnels de l'Éducation nationale et ainsi de couper un peu la route à l'utilisation d'autres IA . Il pourrait les assister dans la préparation des cours, l’évaluation des élèves et la correction des copies. Toutefois, Élisabeth Borne précise que les professeurs resteront responsables du contenu, rappelant l’importance d’une utilisation éthique et maîtrisée.
Une charte d’utilisation de l’IA à l’école sera publiée au printemps 2025 pour encadrer ces nouvelles pratiques. Des formations seront également proposées aux enseignants, afin de les accompagner dans cette transition numérique.
Une formation obligatoire à l’IA pour les élèves
Élisabeth Borne souligne un décalage entre les enseignants et les élèves dans l’usage de l’IA : près de 100 % des lycéens et étudiants l’utilisent régulièrement, contre seulement 20 % des professeurs.
Il faut dire que les jeunes ont vu très rapidement les bénéfices de cet outil pour apprendre ou comprendre un cours (les petits QCM de vérification le soir avant le dîner ou dans la voiture sont franchement très pratiques pour vérifier qu'une leçon est sue), faire des recherches (trouver des sources), ou -pour les plus coquins- de rédiger un devoir à leur place (mais là ça se voit parfois surtout si tout le monde fait la même chose).
Pour combler cet écart, une formation en ligne à l’IA sera instaurée dès la rentrée 2025. Les élèves de 4e et de 2nde auront des sessions obligatoires, afin de mieux comprendre les enjeux et les usages de ces technologies.
Extraits :
Comment l’école va-t-elle s’emparer de l’IA ?
C’est une révolution déjà en marche qui bouleverse tout, y compris nos façons d’apprendre et d’enseigner. L’Éducation nationale s’en saisit. Nous publierons au printemps un document, une charte, qui précise le cadre d’utilisation de l’IA à l’école, à la fois en termes de pédagogie, mais aussi en termes administratifs. Une consultation est en cours sur tout le premier trimestre 2025 avec des enseignants, parents, élèves, syndicats… Nous souhaitons avoir un usage éthique de l’IA.
Est-ce que faire un devoir avec ChatGPT c’est tricher ? Non. Mais il nous faut éduquer les élèves aux biais et aux limites de l’IA. Cela peut aider à préparer le devoir, mais l’IA ne doit pas se substituer au travail de l’élève.
Vers une IA éducative souveraine et française
L’un des enjeux majeurs de cette réforme est de garantir une souveraineté numérique. L’IA développée devra être ouverte et évolutive, afin de préserver la protection des données personnelles et l’indépendance technologique de la France face aux géants étrangers.
La ministre met en avant l’écosystème français de l’IA, notamment avec Mistral AI, une start-up spécialisée dans l’IA générative. Cette entreprise a récemment signé un partenariat avec Edtech France et plusieurs universités pour fournir des solutions IA robustes et européennes aux enseignants et étudiants.
Avec cette réforme, l’Éducation nationale amorce une transformation profonde, entre innovation pédagogique, souveraineté numérique et encadrement éthique. Il demeure toutefois quelques questions sur la mise en place d'une telle réforme -comme de toutes les autres touchant l'éducation nationale- et l'accueil des enseignants et des élèves.