YouTube a suspendu la monétisation de deux chaînes populaires, Screen Culture et KH Studio, connues pour diffuser de fausses bandes-annonces de films générées par intelligence artificielle. Une décision brutale qui intervient après une enquête mettant en lumière l’ampleur du phénomène.
Des trailers qui brouillent les pistes
Depuis plusieurs mois, certaines chaînes YouTube attirent des millions de vues en publiant des bandes-annonces de films qui n’existent pas. C’est le cas de Screen Culture et KH Studio, deux comptes très suivis qui imaginent des versions fictives de blockbusters en utilisant des images générées par intelligence artificielle. Le problème, c’est que ces vidéos ressemblent souvent à s’y méprendre à de vraies campagnes promotionnelles.
Parmi les exemples les plus partagés, on trouve une bande-annonce de Fantastic Four: First Steps avec Julia Garner en Silver Surfer, ou encore un James Bond fictif avec Henry Cavill et Margot Robbie. Dans d’autres cas, les vidéos proposent plusieurs premières bandes-annonces pour un même film, avec des titres volontairement flous. L’objectif reste le même : générer un maximum de clics.
Monétisation coupée
YouTube a donc décidé de retirer ces deux chaînes de son programme partenaire, ce qui les empêche de toucher de l’argent via la publicité. La plateforme justifie cette mesure en évoquant ses règles sur la monétisation : un contenu repris doit être transformé de manière significative, ne pas être répétitif ou trompeur, et ne pas viser uniquement à faire du clic. YouTube rappelle aussi que sa politique de lutte contre la désinformation interdit les vidéos techniquement manipulées de manière à induire les spectateurs en erreur.
Les contenus produits par Screen Culture et KH Studio entrent, selon YouTube, dans cette catégorie. Les chaînes ont la possibilité de faire appel de cette décision, mais à ce stade, aucune date de réexamen n’a été communiquée.
Les studios dans l’ombre du système
Ce qui a surpris, c’est qu’au lieu de demander le retrait de ces vidéos, certains grands studios, comme Warner Bros. et Sony, auraient demandé à YouTube d’en récupérer les revenus publicitaires. Une façon détournée de rentabiliser ces vidéos, tout en fermant les yeux sur leur caractère douteux.
Cette pratique a été critiquée par le syndicat SAG-AFTRA, qui y voit un contournement des engagements récents sur l’usage de l’intelligence artificielle et des droits à l’image. La question est maintenant de savoir si d’autres chaînes du même genre seront visées à leur tour.
