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L'IA aura-t-elle la peau du poisson d'avril ?

Par Laurence - Publié le

Ce qui devait être une simple plaisanterie à écailles s’est transformé en désinformation involontaire amplifiée par l’intelligence artificielle. Ben Black, un journaliste indépendant gallois, a découvert avec surprise qu’un de ses poissons d’avril avait été repris comme fait véridique par Google !

L'IA aura-t-elle la peau du poisson d'avril ?
©Mac4Ever 2025


Un April Fool qui trompe l'IA



Chaque année depuis 2018, Ben Black publie sur son site local un April Fool à l’occasion du 1er avril. En 2020, il avait rédigé un article affirmant que Cwmbran, une ville nouvelle du Pays de Galles, avait eu l'honneur d'être citée par le Guinness World Records pour son nombre record de ronds-points au kilomètre carré (apparemment c'est drôle...).

L’histoire, bien qu’inventée de toutes pièces, incluait un chiffre fictif et une fausse citation pour renforcer son effet comique. Son auteur avait précisé en fin de journée qu’il s’agissait d’un poisson d’avril, pour éviter toute confusion.

Malgré ces précautions, l’article a été repris le lendemain par un grand média national, sans vérification ni autorisation. Mister Black a alors tenté de faire retirer le contenu, mais sans y parvenir. L’incident avait alors été clos et le journaliste précise même avoir tout oublié, jusqu’à ce que le journaliste découvre cette année que l’histoire continuait de circuler, cette fois via un résumé généré par une IA de Google.

Les hauteurs du petit village de Cwmbran (vous les voyez les ronds-point ?)
Les hauteurs du petit village de Cwmbran (vous les voyez les ronds-point ?)


L’IA et la propagation involontaire de fausses informations



Le cas soulève des questions récurrentes sur la fiabilité des outils d’IA générative, qui peuvent reprendre du contenu, et ce, totalement hors contexte ou sans en vérifier la véracité, en particulier lorsqu’il provient de sources crédibles mais détournées.

Ben Black souligne que même si l’histoire n’est pas dangereuse en soi, elle montre à quel point les fausses informations peuvent exister et être recyclées par des outils automatisés, avec une apparence de légitimité.

Il s’inquiète également pour l’avenir de la presse locale, dénonçant le fait que les contenus originaux sont repris sans crédit par certaines IA, ce qui diminue la visibilité des sites indépendants. C’est vraiment frustrant parce que maintenant, personne ne visitera nos sites web...

Des accords entre grands médias et IA en toile de fond



Ce cas survient alors que plusieurs grands groupes de presse ont signé des partenariats avec des entreprises d’IA, comme OpenAI (éditeur de ChatGPT), qui a conclu des accords avec des éditeurs majeurs tels que Hearst (Cosmopolitan, Esquire, Marie Claire), Condé Nast (The New Yorker, Vogue, Vanity Fair, GQ, Glamour), News Corp (Wall Street Journal, New York Post) ou encore le Financial Times pour accéder légalement à leurs contenus.

Mais ces partenariats laissent de côté les petits éditeurs, dont les contenus peuvent être utilisés sans leur consentement, ce qui renforce les déséquilibres dans l’écosystème médiatique. Découragé par cette mésaventure, Ben Black a indiqué qu’il avait renoncé à publier un poisson d’avril cette année, faute de temps, mais aussi par perte d’envie face aux risques de mauvaise interprétation. L'IA aura-t-elle la peau du poisson d'avril ?