Les arnaques sentimentales sur Facebook se multiplient à un rythme inquiétant. Des images générées par intelligence artificielle, diffusées massivement, servent d'appâts pour attirer des victimes souvent âgées ou peu familières des outils numériques. Ces publications déclenchent ensuite des tentatives d’escroquerie en message privé. Le phénomène, orchestré par des brouteurs bien organisés, montre l’incapacité de la plateforme à protéger ses utilisateurs les plus vulnérables.
Des publications conçues pour piéger les plus fragiles
Depuis quelques mois, on observe une prolifération massive de publications utilisant des images générées par intelligence artificielle. Ces photos, souvent très stéréotypées, mettent en scène des enfants pauvres, des personnes âgées malades ou des pseudo-artisans peinant à joindre les deux bouts.
Les légendes, rédigées dans un français approximatif mais suffisamment touchant, encouragent à commenter pour montrer son soutien ou envoyer des prières. Ce type de contenu fonctionne très bien sur Facebook, car il joue sur la corde émotionnelle, en particulier auprès des utilisateurs peu aguerris aux manipulations numériques.
La publication initiale, générée par IA
Les commentaires, et réponses des arnaqueurs
Une mécanique bien rodée
Une fois que quelqu’un commente, c’est là que l’arnaque démarre vraiment. Des faux profils, souvent illustrés avec des photos de jeunes femmes très sexy, réagissent immédiatement en envoyant une demande d’ami ou un message privé. L’objectif est clair : établir une relation de confiance pour ensuite demander de l’argent.
Cette stratégie, bien connue sous le nom d’arnaque sentimentale, est régulièrement utilisée par des groupes appelés brouteurs. Originaires principalement d’Afrique de l’Ouest – Côte d’Ivoire, Bénin, Nigeria – ces arnaqueurs sont souvent organisés en petites structures, voire en réseaux, avec des méthodes précises, des scripts préparés et des objectifs chiffrés à atteindre.
Des profils aguichants
Des victimes ciblées pour leur vulnérabilité
Selon les autorités françaises et plusieurs ONG, ces brouteurs ciblent prioritairement les personnes âgées. Le manque de repères numériques, la solitude ou simplement la bienveillance naturelle de certaines victimes en font des cibles idéales.
Beaucoup ne se rendent pas compte qu’ils interagissent avec des profils fictifs, pensant sincèrement aider quelqu’un dans le besoin ou entamer une vraie relation. Il n’est pas rare que les sommes envoyées atteignent plusieurs milliers d’euros, parfois sans qu’un seul doute ne s’installe chez la victime.
Toujours de fausses publications
Une inaction persistante de la part de Facebook
Ce type d’arnaque n’est pas nouveau, mais ce qui change, c’est l’ampleur.Facebook ne semble pas avoir mis en place de moyens efficaces pour repérer et bloquer ce genre de contenu. Pire : les algorithmes de recommandation favorisent activement ces publications. Il suffit de passer quelques minutes sur la plateforme, même sans interagir, pour se voir proposer ce genre de contenus.
L’IA utilisée pour générer les images est de plus en plus convaincante, rendant les publications plus crédibles qu’il y a encore un an. Et comme ces images ne reprennent pas de visages connus ou protégés, elles échappent facilement aux systèmes de détection automatique.
C'est vraiment sans fin
Fracture numérique
Le problème, c’est que la plupart des victimes ne sont pas armées pour détecter ces pièges. On ne parle pas ici de naïveté mais de fracture numérique. Beaucoup n’ont pas été formées aux usages du web, et leur présence sur Facebook repose souvent sur un désir de garder le contact avec leurs proches.
Ce sont des utilisateurs sincères, bienveillants, mais qui se retrouvent dans un environnement où les règles ne sont pas les leurs, et où la moindre interaction peut déclencher une tentative d’extorsion.
Il existe pourtant des moyens de réduire les risques : éducation numérique, accompagnement des proches, vérification des demandes d’amis. Mais ces outils supposent déjà une certaine vigilance. Sauf que voilà, chez les personnes les plus isolées, cette vigilance n’existe pas toujours. À ce stade, limiter l’accès à Facebook pour ces profils ne serait peut-être pas une mesure excessive. Il ne s’agit pas de priver qui que ce soit, mais d’éviter qu’un outil mal maîtrisé devienne un danger.
Et toujours les mêmes faux profils en face
Une responsabilité qui ne peut plus être évitée
La question ne se pose pas seulement en termes de cybersécurité mais de responsabilité collective. Tant que Facebook laissera ses algorithmes recommander ce type de contenu à des profils vulnérables, ces personnes resteront des proies faciles. Et dans la foulée, les escrocs continueront à prospérer.
Un petit conseil, vous avez un groupe WhatsApp avec toute votre famille à l'intérieur, donc quelques anciens, n'hésitez pas à y envoyer cet article ! Peut-être que ça évitera quelques arnaques de vos proches.