Dans un revirement majeur, OpenAI a annoncé dans la soirée qu’elle abandonnait son projet de passer à un modèle à but lucratif. Toutes les activités de la société -y compris le développement de ses modèles phares comme GPT-4o et les futures versions de ChatGPT- resteront sous sa forme actuelle.
Depuis plusieurs mois, OpenAI faisait face à de nombreuses critiques de la part d’observateurs, de partenaires, de certains membres de sa propre équipe mais aussi d’un ancien co-fondateur (qu’on n’a pas besoin de nommer). Beaucoup redoutaient qu’un passage à un modèle lucratif n'émousse l’éthique fragile de l'IA.
A sa création, l'organisation avait pour mission initiale de garantir que l’intelligence artificielle bénéficie à toute l’humanité. Et a contrario qu'elle suive un modèle non lucratif et que cette dernière ne passe entre de mauvaises mains.
Avec un changement de modèle économique, certains craignaient également des risques de conflits d’intérêts, notamment vis-à-vis de Microsoft, investisseur majeur d’OpenAI, et sur la gouvernance opaque qui aurait pu découler d’une structure à but lucratif classique.
Maintien du modèle hybride… mais sous la coupe du non lucratif
La structure d'OpenAI est assez étonnante dans le milieu de la tech. En 2019, elle adopte en effet un modèle hybride (dit capped-profit en VO), dans lequel une entité commerciale peut à la fois bénéficier d'investisseurs tout en limitant les rendements financiers. Ce compromis permet de concilier les financements externes, nécessaire à son activité et sa mission éthique.
Mais son développement exponentiel avait amené son conseil d'administration à regarder vers d'autres cieux, ceux d'une société comme les autres -totalement lucrative. Cette nouvelle structure aurait également permis de donner davantage de contrôle à la partie commerciale.
Désormais, la question est close : dans un message interne, Sam Altman vient de confirmer que cette transition n’aura pas lieu. L’ensemble des décisions stratégiques et du contrôle opérationnel restera dans les mains de l’association à but non lucratif qui la gouverne, assurant un alignement plus fort avec ses principes fondateurs.
Par cette décision, la firme se démarque de l’industrie de l’intelligence artificielle, où la quête de rentabilité rapide entre parfois en conflit avec les enjeux éthiques et sociétaux.
Alors que Google, Meta ou encore xAI accélèrent le développement de leurs propres IA commerciales, OpenAI semble vouloir se positionner comme un acteur plus responsable, soucieux d’équilibrer innovation et gouvernance. A moins que les enjeux lui échappent et qu'elle ait peur de sanctions administratives ou judiciaires si jamais son IA venait à s'échapper ou devenir trop forte ?
En définitive, il reste de très nombreuses questions, notamment de savoir comment OpenAI continuera de financer ses avancées techniques tout en maintenant cet équilibre délicat.
