Selon une étude de l’Insee publiée le 1er juillet, 10 % des entreprises françaises (de 10 salariés ou plus) utilisent l’intelligence artificielle en 2024, contre 6 % en 2023. Malgré cette hausse, la France reste bien en dessous de la moyenne européenne (13 %) et affiche d’importants écarts selon la taille et le secteur des entreprises. Mais est-ce une mauvaise ou une bonne chose pour elle ?
Un usage en progression, mais encore trop limité
En 2024, 10 % des entreprises françaises de 10 salariés ou plus ont dont déclaré utiliser au moins une technologie d’IA, un bond par rapport aux 6 % de 2023. Toutefois, ce chiffre reste inférieur à la moyenne européenne, qui atteint 13 %. L’écart se creuse également entre grandes et petites entreprises : 33 % pour celles de 250 salariés et plus, 15 % pour les structures intermédiaires (50–249 salariés), et seulement 9 % pour les plus petites (< 50 salariés).
Le secteur des technologies de l’information et de la communication apparaît en tête, avec 42 % des entreprises utilisant l’IA (+12 points en un an) . En revanche, l’adoption reste marginale dans les transports et entreposage (5 %), l’hébergement-restauration (5 %) et la construction (3 %). L’étude révèle aussi que les filiales de groupes internationaux (et celles comptant plus d’ingénieurs et cadres techniques) sont nettement plus enclines à investir dans l’IA.
Pourquoi ce décalage ?
Les pays d’Europe du Nord et centrale (Scandinavie, Allemagne, Benelux) caracolent en tête, avec 20 à 28 % d’entreprises utilisatrices en 2024. En Europe de l’Est, en revanche, les taux restent faibles (3–7 %). La France souffre manifestement d’un retard généralisé par rapport aux autres états membres, et ce, quels que soient le secteur ou la taille de l’entreprise.
Plusieurs facteurs expliquent cette lente adoption en France, comme les coûts fixes importants et besoin d’infrastructures numériques solides pour déployer l’IA, la complexité des offres et méconnaissance des applications concrètes. Ou encore la priorité accordée d’abord aux grandes entreprises capables de mutualiser les investissements.
Quid de l'avenir ?
Pour accélérer l’intégration de l’IA dans les PME, plusieurs pistes seraient à envisager comme favoriser l’accompagnement, la formation et la sensibilisation, simplifier les offres et guider les entreprises vers des solutions adaptées. Ou encore développer le plan Osez l’IA ou initiatives similaires pour démocratiser le recours à ces technologies.
Le retard de la France en matière d’adoption de l’IA peut paraître préoccupant, notamment en comparaison avec les pays d’Europe du Nord où plus d’une entreprise sur cinq y a recours. Pourtant, cette prudence n’est pas forcément une mauvaise chose. Elle peut refléter une approche plus mesurée, visant à éviter des investissements précipités dans des technologies encore en maturation ou mal adaptées à certains secteurs.
D’ailleurs, le faible taux d’adoption peut aussi traduire des préoccupations légitimes sur l’impact de l’IA sur l’emploi, la confidentialité ou la souveraineté numérique. Cela dit, si cette frilosité persiste, elle pourrait freiner la compétitivité des entreprises françaises à moyen terme, notamment face à des concurrents déjà en phase de déploiement industriel de l’IA. L’enjeu est donc de trouver un équilibre entre prudence stratégique et dynamique d’innovation. Un peu comme Apple...