Apple vacille sur le front de l’intelligence artificielle. La firme, longtemps réputée pour sa maîtrise du matériel et sa culture du secret, se heurte aujourd’hui à une crise de confiance interne majeure dans le domaine de l’IA.
Entre départs de talents-clés, menaces de démissions collectives et doutes sur sa stratégie, Apple semble perdre pied dans une course mondiale à l’intelligence artificielle menée tambour battant par OpenAI, Meta ou encore Google.
Une équipe clé au bord de la rupture
L’alerte rouge a été donnée avec le départ de Tom Gunter, l’un des chercheurs en modèles de langage les plus expérimentés d’Apple. Après huit années passées à la tête des efforts sur les LLM (Large Language Models), son départ marque un revers difficile à compenser. Dans un marché où les géants de la tech se livrent une guerre ouverte pour recruter les meilleurs profils à coup de rémunérations à plusieurs millions de dollars, Apple ne fait plus figure d’employeur incontournable.
Mais, c’est surtout la quasi-démission en bloc de l’équipe MLX -en charge du framework open-source d’apprentissage automatique optimisé pour Apple Silicon- qui peut faire trembler Cupertino. Selon Bloomberg, la direction a dû formuler des contre-offres d’urgence pour éviter un départ massif. Si le pire a été évité cette fois, l’incident révèle une réalité plus profonde : le moral est en berne et la cohérence stratégique remise en question.
Or, MLX est loin d’être un projet marginal. Il est central dans la stratégie d’Apple pour exécuter de l’IA avancée directement sur ses puces maison, un pilier de son approche orientée confidentialité et optimisation locale. Perdre cette équipe aurait été catastrophique.
Une stratégie IA sous tension
Ces tensions humaines reflètent un flottement stratégique préoccupant. Apple semble aujourd’hui hésiter entre poursuivre le développement de ses propres modèles fondamentaux ou externaliser des fonctions clés -comme celles de Siri- à des partenaires comme Anthropic ou OpenAI. En interne, les dirigeants n’hésitent plus à juger leurs propres modèles inférieurs, ce qui alimente les doutes dans les équipes.
Alors que Siri est depuis des années distancé par Alexa ou Google Assistant, la tentation de gagner du temps en s’appuyant sur les leaders de l’IA générative est grande. Surtout que son développement traditionnel semble au point mort ! Mais cela revient aussi à sacrifier le modèle intégré et souverain qui a fait la force d’Apple dans l’écosystème logiciel et matériel.
Apple a beau être parvenu à retenir, pour l’instant, ses ingénieurs IA, la crise actuelle laisse entrevoir un changement de culture difficile à négocier. Investir dans des technologies de rupture comme l’IA exige non seulement des moyens, mais aussi une vision claire, partagée par les équipes. Or la firme semble rencontrer les plus grandes difficultés à restaurer un climat de confiance autour de sa propre stratégie IA. Et à ce rythme, elle risque de voir ses talents s’évaporer au profit de concurrents plus audacieux.