Voilà bien une autre question ouverte : Apple va-t-elle créer son propre moteur de recherche ou pas ? D'après Mark Gurman (enfin ce weekend), la firme pourrait bientôt entrer dans la course aux moteurs de recherche dopés à l’IA. Il s'agit d'un virage stratégique majeur, alors que la firme avait jusque-là écarté l’idée de développer son propre chatbot.
Apple Intelligence : un départ difficile
Depuis sa présentation en juin 2024, Apple Intelligence a du mal à convaincre. Les premières fonctionnalités proposées -comme les Genmoji ou les résumés de notifications- n’ont pas marqué les esprits.
Quant au nouveau Siri, présenté comme le pivot de cette révolution, la situation est encore plus tendue puisqu'il n'est toujours pas opérationnel. Bien au contraire, sa sortie a été repoussée de plus d’un an, ce qui a nourri les critiques autour de la lenteur d’Apple dans le domaine de l’IA.
Cette situation embarrassante avait été confirmée en interne : Robby Walker, ex‑responsable de Siri, avait qualifié les retards d’ugly and embarrassing lors d’une réunion largement relayée. D'ailleurs l'équipe a explosé, puis a été reformée avant d'être pillée par Mark Zuckerberg pour son nouveau labo.
Mais qu'est-ce que l’équipe « Answers, Knowledge, and Information » ?
Pour rectifier le tir, Apple a discrètement créé en début d’année un nouveau groupe baptisé Answers, Knowledge, and Information (AKI). D’après Bloomberg, cette équipe planche sur le développement de services IA maison visant à offrir une expérience de recherche proche de ChatGPT. Aux commandes : Robby Walker, qui reprend du galon malgré la perte de responsabilités après les déboires de Siri.
L’idée serait de permettre aux utilisateurs d’obtenir des réponses instantanées et contextuelles, à la manière de Perplexity -une start‑up spécialisée dans la recherche IA, avec laquelle Apple avait déjà manifesté un intérêt. Si ce projet aboutit, il pourrait représenter l’une des initiatives les plus ambitieuses d’Apple depuis le lancement de Siri en 2011, et surtout une riposte directe face à l’avance de Google Gemini et de Microsoft Copilot.
Mais la firme est encore loin d’un lancement concret. Selon Mark Gurman, l’initiative n’en est qu’à ses débuts, et il faudra encore du temps avant que les utilisateurs ne puissent tester ce moteur de recherche nouvelle génération. Mais le fait qu’Apple ait décidé de franchir le pas, malgré certaines réticences philosophiques internes -l’entreprise étant traditionnellement prudente sur l’IA générative- montre à quel point Cupertino ne veut pas rester à la traîne.
En attendant, la partie recrutement du site d’Apple affiche actuellement plus d’une douzaine de postes ouverts pour cette équipe, répartis entre les États‑Unis et la Chine. Parmi eux, un recrutement pour un ingénieur senior en apprentissage automatique, chargé de contribuer à l’amélioration de la capacité de Siri à répondre à des questions liées au domaine personnel. L’annonce précise que l’équipe travaille sur de grands modèles de langage, conçus pour répondre aux requêtes des utilisateurs en s’appuyant sur leurs documents personnels, avec un accent mis sur la protection de la vie privée.
Un pari à haut risque
Finalement cette information soulève plus de questions que de réponse : Apple parviendra-t-elle à concilier son exigence de confidentialité et de contrôle des données avec les besoins colossaux en information et en calcul des IA conversationnelles. Ce défi qui, s’il est relevé, pourrait enfin donner à Apple Intelligence l’élan qui lui manque depuis ses débuts.