Elon Musk a annoncé ce week-end que sa société xAI rendait son modèle d'intelligence artificielle Grok 2.5 "open source". Une décision présentée comme un geste pour la transparence, mais qui est surtout une manœuvre stratégique dans la guerre de l'IA qui l'oppose à Meta et aux géants chinois.
Le modèle de "l'année dernière"
L'annonce, faite comme d'habitude sur X, a le mérite d'être claire. Le modèle Grok 2.5 est désormais disponible en libre accès sur la plateforme pour développeurs Hugging Face.
Il y a cependant un détail important : Elon Musk précise lui-même qu'il s'agit de leur "meilleur modèle de l'année dernière". xAI ne libère donc pas sa technologie la plus récente. Il a d'ailleurs ajouté que le modèle actuel, Grok 3, serait lui aussi rendu open source... mais dans six mois. Une stratégie qui consiste à ne rendre public que la génération précédente.
Une réponse à la concurrence
Ce mouvement n'a rien d'un acte de pure générosité. Il s'agit d'une réponse directe à la concurrence. Depuis plus d'un an, Meta a pris une longueur d'avance dans le monde de l'IA "ouverte" avec ses puissants modèles Llama, très populaires auprès des développeurs.
Plus récemment, ce sont des startups chinoises comme DeepSeek qui ont impressionné la communauté avec des modèles open source très performants. Face à cette double menace, OpenAI puis xAI sont contraints de s'ouvrir à leur tour pour ne pas perdre la bataille des standards.
Un passif très lourd pour Grok
Rendre Grok plus accessible ne va pas pour autant effacer son lourd passif. L'IA d'Elon Musk est tristement célèbre pour ses nombreux dérapages. Ces derniers mois, le chatbot a été épinglé pour avoir relayé des théories du complot, tenu des propos antisémites, fait l'éloge d'Hitler ou encore inventé de fausses informations. Bonne ambiance.
On en dit quoi ?
C'est un coup de communication typique d'Elon Musk. Il présente une décision stratégique, presque subie, comme un grand geste en faveur de la transparence. En réalité, en rendant open source un modèle daté, xAI prend peu de risques. C'est une manière habile de se faire bien voir de la communauté des développeurs, tout en essayant de rester dans la course face à Meta et aux acteurs chinois.
C’est un jeu d'échecs géopolitique. Face à la montée en puissance des modèles open source chinois, les entreprises américaines sont obligées de "libérer" une partie de leur code pour ne pas perdre la guerre de l'influence. Pour les développeurs, c'est une bonne nouvelle. Pour l'utilisateur final, cela ne change pas grand-chose à la réputation sulfureuse de Grok. Et vous, vous préférez les IA "open source" que tout le monde peut modifier, ou les IA "fermées" et contrôlées par leur fabricant ?
