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Critterz, le film généré par OpenAI, est-il une menace pour l'animation ?

Par Laurence - Publié le

Le secteur de l’animation française est très inquiet. Plusieurs organisations représentatives d’auteurs et de créateurs dénoncent l’ambition d’OpenAI de produire un film d’animation intégralement conçu à l’aide de l’intelligence artificielle.

Dans un communiqué publié le 23 septembre, l’ARP (Société civile des Auteurs, Réalisateurs et Producteurs), la SRF (Société des Réalisatrices et Réalisateurs de Films) ou encore les Scénaristes de Cinéma Associés expriment leur vive inquiétude face à ce qu’ils considèrent comme une menace pour la créativité humaine.


Critterz OpenAI


Critterz, une expérimentation devenue projet industriel



Le projet au cœur de la polémique s’appelle Critterz. Il s’agit d’un film d’animation qui doit être produit en injectant de l’IA à toutes les étapes de création, du scénario au rendu final. Ce long-métrage s’inscrit dans la continuité d’un court-métrage éponyme présenté en avril 2023, réalisé à l’aide d’outils génératifs et projeté lors d’événements prestigieux comme les Cannes Lions, le festival d’Annecy ou encore le Tribeca Film Festival.

Ce premier essai avait rencontré un certain succès, propulsant son réalisateur, Chad Nelson, au poste de creative specialist chez OpenAI. Sa mission est d'ailleurs de promouvoir et démocratiser l’usage des outils de l’entreprise auprès des artistes et des studios de création.



L’IA, menace ou outil ?



Pour les auteurs et réalisateurs français, l’approche d’OpenAI représente un danger : si l’IA se substitue à l’imagination humaine dans l’animation, un secteur reconnu pour sa richesse culturelle et artistique, c’est l’identité même de la création qui pourrait être fragilisée. Le communiqué pointe le risque d’industrialisation d’un art qui repose avant tout sur la singularité des regards et des récits.

Du côté d’OpenAI, la logique est forcément différente. Le groupe présente Critterz comme une vitrine technologique. L’objectif est de montrer que l’IA peut accélérer la production, réduire les coûts et offrir aux artistes de nouveaux outils pour rêver plus grand.

Une inquiétude au-delà de l’animation



Ce débat dépasse le seul cadre du cinéma d’animation. Derrière Critterz, c’est l’équilibre entre innovation technologique et protection des métiers créatifs qui se joue. La France, qui défend activement l’exception culturelle au niveau européen, pourrait devenir un terrain d’affrontement symbolique face aux ambitions de la Silicon Valley.

Pour l’instant, OpenAI n’a pas confirmé de calendrier de sortie pour Critterz. Mais le simple fait que ce projet existe suffit déjà à rallumer le débat sur la place de l’IA dans les industries culturelles.