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Où va-t-on ? La première IA ministre est "enceinte" de 83 assistants numériques

Par Laurence - Publié le

Lors du Global Dialogue de Berlin, le Premier ministre albanais Edi Rama a provoqué la surprise — et un certain scepticisme — en annonçant que Diella, la ministre albanaise de l’Intelligence artificielle, était enceinte et s’apprêtait à donner naissance à 83 enfants numériques.

Derrière cette métaphore pour le moins audacieuse, se cache en réalité une ambitieuse initiative politique : l’intégration massive de l’IA au sein du gouvernement pour moderniser la gouvernance du pays.


Diella IA ministre enceinte Albanie


une ministre pas comme les autres



Présentée en mai 2025, Diella — dont le nom signifie soleil en albanais — est la première ministre entièrement générée par intelligence artificielle au monde. Créée pour superviser les marchés publics et les appels d’offres, elle a été conçue pour éliminer les pratiques de corruption et garantir une transparence totale dans les dépenses publiques.

À la différence des ministres humains, Diella ne possède ni bureau ni visage, mais fonctionne comme un système algorithmique de gouvernance, analysant les propositions, identifiant les conflits d’intérêts et attribuant les contrats selon des critères purement objectifs.

Edi Rama avait alors justifié cette nomination par un besoin de neutraliser les failles humaines dans un pays miné par le clientélisme et les scandales financiers. Sans risque pour une personne physique d'endosser ce rôle.


Qui sont ces “83 enfants” ?



Le Premier ministre a expliqué que ces 83 enfants représentent en réalité autant d’assistants virtuels, chacun attribué à un membre du Parti socialiste albanais. On apprend que ces IA seront chargées d’assister les députés dans leurs travaux parlementaires : enregistrer les séances et résumer les débats, fournir des analyses de politiques publiques, aider à la prise de décision fondée sur les données, et assurer un suivi des propositions de loi.

Pas vraiment d'acte procréatif mais on a bien compris le message. Toutes ces entités seront reliées à Diella, la première IA en son genre et donc leur mère numérique, via un réseau centralisé d’apprentissage collaboratif. Chaque assistant pourra ainsi partager ses observations avec les autres et renforcer l’efficacité collective du système.

Un symbole politique et une révolution technologique



Derrière cette image, Edi Rama veut aussi illustrer la naissance d’une nouvelle ère administrative. L’objectif est bâtir un écosystème numérique autonome, capable d’améliorer la transparence et de réduire drastiquement les lenteurs bureaucratiques.

Mais cette initiative ne fait pas l’unanimité. Si de nombreux experts saluent une expérimentation audacieuse dans la lutte contre la corruption, d’autres y voient un glissement éthique risqué : jusqu’où un gouvernement peut-il déléguer son pouvoir décisionnel à une machine ? Qui sera responsable si Diella — ou l’un de ses “enfants” — commet une erreur ou applique un algorithme biaisé ?

En dépit des interrogations, l’Albanie s’impose comme un laboratoire politique de l’intelligence artificielle. Le projet Diella illustre un futur où la technologie pourrait non seulement assister les gouvernements, mais participer activement à la prise de décision publique. Alors l'avenir dira si cette famille numérique saura tenir ses promesses : plus d’efficacité, plus de transparence, moins de pression politique … et peut-être, moins d’humanité.