Dans la série des bilans, l'Arcep vient de publier son traditionnel rapport annuel dit Telconomics, qui dresse un état des lieux complet du marché français des télécoms. Cette étude inclut l'observatoire des marchés 2024 et celui des prix des services fixes et mobiles. Il met en lumière un secteur en transition, situé à mi-chemein entre ralentissement des investissements et progression continue de la fibre et de la 5G.
Des investissements en baisse mais toujours soutenus
Dans le détail, on apprend que les opérateurs français ont investi 12,2 milliards d’euros en 2024, ce qui constitue une baisse de 4,6 % sur un an, et la troisième année consécutive de repli. Malgré ce recul, le niveau d’investissement reste supérieur à celui observé avant 2020.
En outre, plus de la moitié de ces montants (6,4 milliards d’euros) a été consacrée au déploiement des réseaux fixes et mobiles à très haut débit. Toutefois, l’effort de déploiement se tasse, puisque seuls 2,6 millions de locaux supplémentaires sont devenus raccordables à la fibre cette année, contre 3,5 millions en 2023.
Mais globalement la dynamique de mutualisation des réseaux se poursuit pour la fibre, avec 92 % des locaux désormais éligibles à au moins quatre opérateurs, contre 83 % en 2023. En revanche, la situation est assez stable au niveau des mobiles : près de 50 % des supports sont mutualisés en zone urbaine, et plus de 60 % en zone rurale.
Des revenus en hausse, mais des tarifs en baisse pour les nouveaux clients
Le chiffre d’affaires des opérateurs a augmenté de 1,5 %, porté par les services fixes (+3,3 %). La facture moyenne d’un abonnement internet atteint désormais 36,90 € HT par mois, ce qui est assez important par rapport au volume de datas généralement consommé. Cette hausse s’explique par les augmentations tarifaires appliquées ces dernières années. En parallèle, les prix catalogues (pour les nouveaux clients) reculent de 5,9 %, tirés vers le bas par des offres plus simples et plus compétitives (mais seulement pour un temps limité comme on le sait très bien).
Le marché mobile reste stable, avec une faible progression du chiffre d’affaires (+0,4 %) et une facture mensuelle moyenne de 14,90 € HT. Ce ralentissement s’explique par la commercialisation de forfaits moins chers, souvent avec moins de data, mais mieux adaptés à certains profils d’utilisateurs.
Fibre et 5G : les moteurs de croissance
La fibre continue son déploiement massif : avec 24,4 millions d’abonnés à fin 2024 (contre moins de 1 million dix ans plus tôt), elle représente désormais 75 % du total des abonnements internet. En parallèle, le nombre de cartes SIM actives sur les réseaux 5G a bondi de 10 millions en un an, atteignant 24,3 millions (29 % du total). Les usages data augmentent : la consommation moyenne mensuelle sur réseau 4G est passée à 16,6 Go.
Un marché en évolution
Le rapport de l’Arcep montre un marché des télécoms en phase d’adaptation : les investissements ralentissent, mais la transition vers la fibre et la 5G se poursuit. Face à la pression concurrentielle et à des arbitrages budgétaires plus serrés, les opérateurs cherchent à concilier qualité de service, couverture étendue et maîtrise des coûts.