Alors que le projet de loi dite "simplification" cherche à faciliter l’implantation de nouveaux centres de données sur le territoire, l’Arcep vient de publier de nouveaux chiffres qui viennent nuancer les critiques souvent véhiculées sur leur impact environnemental. Et pour l'Autorité, les data centers ne sont pas encore les gouffres énergétiques que certains imaginent.
Centre de données de La Courneuve
Une réalité bien plus mesurée que le fantasme
L’an dernier, RTE avançait que les centres de données représentaient environ 2 % de la consommation électrique nationale, soit 10 TWh. Cette estimation est bien souvent citée pour dénoncer leur impact écologique. Mais l’Arcep affine le tableau en 2025. Elle se concentre en effet sur les gros opérateurs du secteur –ceux dont le chiffre d’affaires dépasse les 10 millions d’euros. Et elle entend montrer que leur consommation n’a progressé que de 8 % entre 2022 et 2023.
Ces acteurs majeurs, qui exploitent à eux seuls la moitié des 300 centres de données recensés en France, représentent aujourd’hui 0,5 % de la production électrique nationale. Ce chiffre se veut donc bien éloigné de certaines projections alarmistes.
Un débat éclairé à l’heure des choix politiques
Cette mise au point intervient opportunément alors que les députés examinent depuis le 8 avril une réforme visant à accélérer le déploiement des infrastructures numériques, dont les data centers sont un pilier. Le texte cherche à lever certaines contraintes administratives, dans un contexte où la souveraineté numérique française est au cœur des débats.
En rendant publics ces nouveaux indicateurs, l’Arcep entend apporter une base factuelle à un sujet trop souvent traité à coups de clichés. Si la croissance du secteur est réelle, son poids énergétique reste pour l’instant contenu, notamment grâce aux efforts d’optimisation des opérateurs et à l’évolution des technologies de refroidissement.
Un équilibre à trouver
La croissance de la demande en services numériques (IA, cloud, streaming…) laisse entrevoir une hausse inévitable de la consommation des data centers dans les années à venir. Mais pour l’heure, l’Arcep invite à la prudence dans l’interprétation des chiffres.
À l’heure où la France cherche à concilier transition numérique et transition énergétique, ce rappel factuel du régulateur tombe à point nommé pour éviter de prendre des décisions politiques sur la base d’idées reçues.
