Avec plus de 80 000 téléphones dérobés en 2024, Londres est devenue une plaque tournante du vol connecté, et doit faire face à une véritable industrie, savamment organisée et alimentée par un trafic international vers la Chine.
Un vrai fléau urbain
Sirènes hurlantes, boutiques perquisitionnées et policiers gantés fouillant des coffres pleins d’appareils : Londres a mené ces dernières semaines une vaste opération contre les réseaux de revente de smartphones volés. Il faut préciser qu'en un an, plus de 80 000 téléphones ont été dérobés dans la capitale britannique, selon la Metropolitan Police — un record qui conforte tristement la réputation de Londres comme capitale européenne du vol de mobiles.
Les voleurs cagoulés, chevauchant des vélos électriques, foncent sur les trottoirs pour arracher les smartphones des passants. Cette délinquance du quotidien, est devenue hautement rentable — jusqu’à 300 £ (environ 400 €) par appareil — et longtemps perçue comme un petit délit par les autorités.
Un trafic international
Ce qui semblait être du vol opportuniste s’est transformé en commerce mondial organisé. Une descente policière, observée par le New York Times, a permis de découvrir des milliers de téléphones dissimulés dans des boutiques de revente, ainsi que 200 000 £ (environ 230 000 €) en liquide.
Le tournant s’est produit lorsqu’une victime a utilisé Localiser pour suivre son appareil jusqu’à un entrepôt près de l’aéroport d’Heathrow. Les policiers ont alors trouvé près de 1 000 iPhone emballés et prêts à partir pour Hong Kong, faussement étiquetés comme batteries.
Ce n’était plus un simple vol de rue, mais une opération industrielle, a reconnu le détective Mark Gavin, en charge de l’enquête. Deux suspects ont ensuite été arrêtés — leur voiture contenant des téléphones enveloppés dans de l’aluminium, destinés à bloquer les signaux de géolocalisation.
La chine au bout de la ligne
Selon les enquêteurs, plus de 40 000 téléphones volés auraient été expédiés vers la Chine. En effet, les opérateurs chinois ne bloquent pas les appareils déclarés volés. Ainsi, un iPhone bloqué à Londres peut fonctionner normalement à Pékin, et se revendre jusqu’à... 5 000 $ pièce sur le marché noir.
La boucle est bouclée. Les téléphones passent des mains de voleurs urbains à celles d’intermédiaires, puis d’exportateurs — un écosystème complet désormais dans le viseur des autorités britanniques.
Cette explosion du vol de téléphones s’explique aussi par des années d’austérité policière. Les réductions d’effectifs dans les années 2010 ont forcé la Metropolitan Police à abandonner l’enquête sur les petits délits jugés non prioritaires.
Les petits délinquants ont vite vu l'opportunité : sur 106 000 téléphones signalés volés entre mars 2024 et février 2025, moins de 500 affaires ont donné lieu à des poursuites. Autre facteur aggravant : la popularité des vélos électriques en libre-service, parfaits pour des vols éclairs...
