Test Synology DS223 : je passe d'un NAS de 2010 à un modèle de 2023 !

Dotés d'un processeur, de RAM et d'un système d'exploitation, les NAS sont des ordinateurs miniatures. Comme pour toutes les machines, certaines limitations se font sentir avec le temps. Profitons de la sortie du Synology DiskStation DS223 pour apprécier les gains offerts par ce modèle récent face à un NAS accusant une décennie de bons et loyaux services.

Synology DiskStation DS223 vs DiskStation DS211j

Mon fidèle Synology DiskStation DS211j a été présenté par le constructeur taïwanais en novembre 2010. Si la coque a pris une petite patine jaune avec le temps (alors que le NAS était stocké dans un local avec une température contrôlée et non fumeur), il tourne comme une horloge depuis un peu plus de 12 ans et n'a nécessité qu'un entretien basique afin d'éliminer la poussière qui vient immanquablement encombrer le ventilateur et garantir de bonnes températures de fonctionnement.

Livré avec le système DSM 3.0, le DS211j a reçu de nombreuses mises à jour, et tourne sous DSM 6.2.4-25556 Update 7 à l'heure d'écrire ces lignes, la dernière version en date compatible avec cette génération. Si les mises à jour ont permis d'accueillir les correctifs de sécurité nécessaires, de nouvelles fonctionnalités et une interface plus moderne, la réactivité en a pris un sacré coup au fil des ans, et la moindre sollicitation met désormais le CPU à genou. Il faut dire que le DS211j embarque un processeur Marvell Kirkwood 88F6281 simple cœur cadencé à 1,2 GHz épaulé par 128 Mo de RAM en DDR2, une véritable petite antiquité à laquelle on ne peut pas décemment reprocher de baisser les bras.

La gamme des NAS Synology se compose de la Série J, représentant l'entrée de gamme et dont est issu le DS211j, de la Série Value comprenant le DS223 qui nous intéresse aujourd'hui, de la Série Plus avec des processeurs plus performants et parfois des emplacements M.2 pour accélérer le cache ou le stockage et du 10 GbE (en option), et des Séries XS+/XS pensées pour les gros besoins et les entreprises. La Série J n'a pas été mise à jour depuis 2020, venant d'un modèle disposant de 2 baies, le successeur le plus proche du DS211j et le plus récent au sein de la gamme est donc le DS223, mis à jour cette année.

Le DS223 est évidemment nettement plus puissant que le modèle présenté en 2010 avec un processeur Realtek RTD1619B disposant de 4 cœurs cadencés à 1,7 GHz ainsi que 2 Go de RAM DDR4 (non ECC). Malheureusement, le reste des spécifications n'évolue pas tant que ça. Le DS223 dispose en effet toujours d'un port Gigabit Ethernet et de 3 ports USB (USB 3.2 Gen 1 contre de l'USB 2.0 sur le DS211j). Il n'est de plus pas possible d'ajouter de la RAM sur ces deux modèles, il faudra donc faire avec les capacités d'origine tout au long de la vie de l'appareil.

Une réactivité en nette hausse

Le DS223 tourne actuellement sous DSM 7.1.1-42962 Update 5 et la réactivité du NAS n'a évidemment rien à voir avec mon DS211j. Les différentes fenêtres de configuration et logiciels se lancent rapidement sur le DS223, là où il faut patienter à la moindre action sur le DS211j. Naviguer au sein de l'interface et des différents paramètres redevient alors agréable. Si vous passez du temps au sein du système, l'évolution vers le DS223 est une vraie bouffée d'air. Au contraire, si passée la configuration de base, le NAS ne vous sert qu'à stocker des fichiers de temps à autre, avec éventuellement la sécurité apportée par le RAID 1 ou SHR (peu différents sur les 2 volumes permis par ces NAS 2 baies), ce gain de réactivité ne vous sera pas réellement utile (nous verrons ce qu'il en est des débits un peu plus bas).

Le système DSM de Synology est un des gros points forts de la marque, et certainement le système le plus complet pour un NAS. Les différents logiciels comme File Station, Download Station, Video Station, Surveillance Station, Audio Station, Mail Station, Note Station, Editeur de texte, Synology Office, Synology Photos et bien d'autres dont des programmes open source d'éditeurs tiers, tournent tout à fait convenablement sur le DS223, alors qu'ils sont devenus effroyablement lents sur le DS211j et que certains services, comme Synology Photos, ne sont tout simplement pas disponibles sous DSM 6.

Une mise en place simplifiée, mais un NAS plus bruyant

Sur le DS211j, il fallait retirer deux vis pour séparer le châssis et accéder aux emplacements pour les disques/SSD en SATA au format 2,5" ou 3,5". Sur le DS223, Synology a simplifié le processus grâce à deux tiroirs accessibles après avoir retiré la façade amovible (il suffit de tirer légèrement dessus). Le constructeur propose un système de fixation rapide pour les disques, mais il sera également envisageable de les visser sur les supports (les vis sont fournies).

Petit point à prendre en compte pour les plus sensibles aux nuisances sonores, le ventilateur en 92 x 92 mm du DS223 est plus bruyant au repos que celui en 70 x 70 mm du DS211j, et ce de manière assez nette.

En effet, le DS223 fera entendre un léger souffle en permanence, même avec le réglage le plus discret (Mode Calme), là où le Mode basse puissance du DS211j permettant d'arrêter totalement la ventilation lorsque le NAS n'est pas utilisé n'est plus proposé sur le DS223, dommage.

Point positif, le DS223 permet de diminuer la luminosité des différents voyants, une option pratique et absente sur le DS211j.

Stockage et débits

Mon DS211j est équipé de 2 disques durs WD Red WD30EFRX en 3 To (CMR, 5400 tr/min, 64 Mo de cache) et le DS223 est doté de 2 disques durs Synology HAT5300 de 4 To (CMR, 7200 tr/min, 256 Mo de cache). Attention, les WD Red 3 To sont également proposés sous une autre référence -WD30EFAX- en SMR, une technologie moins optimisée pour les NAS et qu'il faut éviter de mélanger avec un disque CMR au sein d'une grappe RAID. Western Digital indique un débit soutenu typique de 145 Mo/s pour les WD30EFRX contre environ 240 Mo/s pour le HAT5300 4 To selon Synology. Les deux modèles de disques durs sont donc censés être capables de saturer le débit théorique maximum du Gigabit Ethernet (125 Mo/s théoriques, souvent autour de 100 Mo/s dans la pratique).

Dans la pratique en RIAD 1 sur les deux configurations et sur le même réseau, nous obtenons environ 40 Mo/s en écriture et 65 Mo/s en lecture sur le DS211j, contre 103 Mo/s en écriture et 106 Mo/s en lecture sur le DS223. Le NAS le plus récent s'approche donc des débits maximum autorisés par le Gigabit Ethernet, et propose des performances assez nettement supérieures au DS211j. Ces dizaines de Mo/s feront assez vite la différence lors des transferts de données.

Si vous obtenez des débits nettement plus réduits via SMB, de l'ordre de 30 Mo/s, et que vous souhaitez les augmenter simplement, vous pouvez désactiver le Mode de chiffrement du transport au sein des Paramètres avancés de l'onglet Service de fichiers.

Un point sur l'usage en tant que serveur vidéo

Si vous comptez utiliser le DS223 en tant que serveur pour diffuser vos vidéos, vous risquez quelques déconvenues. Le processeur ARM n'est en effet pas assez puissant pour transcoder les vidéos, ne serait-ce qu'en 1080p. Il faudra donc que votre lecteur puisse lire le format d'origine des fichiers. Autre point à noter, à l'heure d'écrire ces lignes, il n'est pas possible d'installer un serveur Plex sur le DS223, y compris en passant par l'installation d'un paquet téléchargé depuis le site officiel de Plex.

Vous pourriez alors tenter de passer par la solution Video Station de Synology. En pratique, cela fonctionne assez mal avec le processeur du DS223 et une grande majorité des vidéos de ma vidéothèque ne peut pas être lue avec le client installé sur une Apple TV 4K. Si vous disposez d'un NAS équipé d'une puce qui n'est pas assez puissante pour transcoder la vidéo (il faut un abonnement Plex Pass pour activer le transcodage matériel), la meilleure solution à mon humble avis consiste à passer par Infuse.

Ce logiciel payant en version Pro (0,99 euro par mois, 9,99 euros par an, 114,99 euros à vie) est compatible avec la grande majorité des formats audio et vidéo, et permet de lire sur mon Apple TV 4K la totalité des vidéos de mon imposante vidéothèque stockée sur le DS223 (y compris sur un disque branché en USB), même les films en 4K pesant plusieurs dizaines de Go. Si vous n'avez pas encore fait l'achat d'un NAS et que vous comptez l'utiliser pour les vidéos, vous pouvez vous diriger vers des modèles dotés d'un processeur offrant de bonnes performances en transcodage (Intel ou AMD avec une partie graphique intégrée), ou un modèle équipé d'une sortie HDMI (par exemple chez Qnap ou TerraMaster). Il sera également possible d'installer Plex Media Server (version gratuite) sur un Mac (et donc sans passer par un NAS) et d'utiliser l'application Plex sur Apple TV. Cette solution gratuite me permet également de lire l'intégralité de ma vidéothèque.

Conclusion

Pour ma part, passer du DS211j au DS223 a été un bonheur. Cela m'a permis de retrouver un DSM réactif et de ne plus pester contre les temps de chargement infinis à chaque changement de fenêtre, tout en profitant de meilleurs débits. Reste à savoir si le coût en vaut la chandelle en fonction de votre utilisation, et de votre équipement actuel. Ce DS223 sera tout à fait satisfaisant pour un usage basique, que ce soit pour profiter de la sécurité de la copie en miroir des données sur deux disques (RAID 1 ou SHR), pour le partage simple de fichiers ou la sauvegarde, mais il faudra alors envisager un autre modèle pour une utilisation plus poussée (10 GbE, plus de RAM, par exemple pour les machines virtuelles, processeur plus performant, stockage ou cache en M.2).