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Le patron de Telegram accuse la France de censure politique

Par Laurence - Publié le

Toujours sous le coup d'une mise en examen, Pavel Durov affirme avoir refusé une demande du chef du renseignement français visant à restreindre des voix conservatrices en Roumanie. Cette révélation -plutôt explosive- relance le débat sur la liberté d’expression en ligne et les ingérences dans les processus électoraux.

Pavel Durov Telegram


Un échange tendu avant les élections



Dans une série de messages publiés sur X ce dimanche, Pavel Durov, le co-fondateur de l’application de messagerie Telegram, a affirmé que le patron de la DGSE, Nicolas Lerner, lui aurait demandé de bloquer certaines chaînes conservatrices roumaines sur sa plateforme, à la veille du second tour de la présidentielle roumaine.

L’échange aurait eu lieu à l'hôtel Crillon à Paris, quelques semaines avant le scrutin. Nous n’avons jamais bloqué les manifestants en Russie, en Biélorussie ou en Iran. Nous ne commencerons pas à le faire en Europe.

Nicolas Lerner - Image © DGSI
Nicolas Lerner - Image © DGSI


Paris nie toute tentative d’ingérence



Face à la gravité de ces accusations, la DGSE a publié un communiqué officiel, confirmant que des rencontres avec Durov avaient bien eu lieu au fil des ans, mais uniquement pour lui rappeler ses obligations en matière de lutte contre le terrorisme et la pédocriminalité. Néanmoins, l’agence de renseignement française réfute fermement avoir demandé la suppression de comptes politiques ou tenté d’influencer un processus électoral.

De son côté, le ministère des Affaires étrangères français a appelé à respecter la démocratie roumaine et rejeté tout soupçon d’ingérence. Le nouveau président élu de la Roumanie, Nicusor Dan, a pour sa part dénoncé une ingérence non autorisée d’une plateforme de médias sociaux, pointant les propos de Pavel Durov comme une tentative claire d'influencer le résultat de l'élection présidentielle roumaine.

Evidemment, parmi les premiers à réagir, Elon Musk a relayé le message de Durov avec son nouveau mot favori Wow, qui lui permet un mix entre étonnement et soutien implicite. Le milliardaire américain, souvent critiqué pour son soutien à des figures politiques de droite en Europe, s’est lui-même retrouvé dans le viseur des autorités françaises pour biais algorithmique présumé sur X.



Telegram, au centre d’un débat géopolitique plus large



Mais cette réaction intervient dans un contexte beaucoup plus sensible pour Telegram. Accusé à plusieurs reprises de servir de canal pour la désinformation prorusse, notamment en Europe de l’Est, l’application fait l’objet d’une surveillance renforcée en France, où Durov est officiellement visé par une enquête judiciaire pour soupçons de crime organisé.

Malgré cela, Telegram maintient que les utilisateurs choisissent activement les chaînes qu’ils suivent, et ne sont pas exposés à des contenus non sollicités. Pendant ce temps, certains -comme OpenMinds- indiquent que près de 24 % des chaînes Telegram en roumain propageraient de la désinformation liée au Kremlin.