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Streaming illégal, Canal+ fait plier les VPN avec une décision judiciaire inédite

Par Vincent Lautier - Publié le


Pour la première fois en France, la justice impose à cinq fournisseurs de VPN de bloquer l’accès à plus de 200 sites de streaming illégal. Une victoire pour Canal+ et la LFP, qui ciblent les dernières failles du piratage sportif en ligne.

Streaming illégal, Canal+ fait plier les VPN avec une décision judiciaire inédite


Les VPN sommés de bloquer l’accès à plus de 200 sites pirates



Le Tribunal judiciaire de Paris a donné raison à Canal+ et à la Ligue de football professionnel en ordonnant à plusieurs fournisseurs de VPN de bloquer 203 noms de domaine liés à des sites de streaming illégaux. NordVPN, Proton, Cyberghost, Surfshark et ExpressVPN devront exécuter cette décision sous trois jours. C’est une première : jusque-là, seules les plateformes DNS, les moteurs de recherche et les fournisseurs d’accès à Internet étaient visés. Cette fois, les VPN sont directement tenus responsables, la justice les qualifiant d’« intermédiaires techniques » dans la diffusion non autorisée de contenus sportifs.

Streaming illégal, Canal+ fait plier les VPN avec une décision judiciaire inédite


Dernier bastion du piratage



Les VPN étaient devenus un échappatoire courant pour les internautes souhaitant contourner les blocages géographiques ou les restrictions imposées par les FAI. En se connectant à un serveur étranger, il était facile d'accéder aux flux illégaux de matchs de Ligue 1, Premier League, Ligue des champions ou Top 14. La décision judiciaire chercher à mettre fin à cette facilité. Canal+ et la LFP peuvent désormais transmettre à l’Arcom, à tout moment jusqu’à la fin des compétitions (jusqu'au 28 juin 2025), de nouveaux noms de sites à bloquer. Ce blocage préventif s’applique même aux plateformes suspectées de vouloir diffuser des contenus protégés, qu’elles aient ou non déjà commencé à le faire.

Streaming illégal, Canal+ fait plier les VPN avec une décision judiciaire inédite


Une jurisprudence qui pourrait faire école



Cette décision pourrait marquer un tournant au-delà des frontières françaises. Le blocage par les VPN représente une nouvelle étape dans une stratégie judiciaire progressive amorcée dès 2022. D'abord les FAI, ensuite les DNS alternatifs, les moteurs de recherche, les CDN, puis les proxys : chaque maillon de la chaîne technique a été visé. La pression se déplace désormais sur les services VPN, qui pourraient, à l’image de Cisco avec OpenDNS, quitter le marché français face à la complexité croissante des obligations de filtrage.

Les fournisseurs de VPN n’ont pas convaincu la justice malgré leur défense centrée sur la neutralité de leurs services et la complexité technique du filtrage. Canal+ salue une « avancée majeure » et envoie un signal clair : le piratage des compétitions sportives, même via des outils considérés jusqu’ici comme neutres, ne sera plus toléré. Reste à voir si d’autres juridictions adopteront cette approche, et si les VPN continueront de coopérer ou choisiront l’exil.