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Amazon attaque la chronologie des médias en France

Par Laurence - Publié le

Après Netflix, Amazon passe à l’offensive. La plateforme Prime Video a confirmé avoir déposé un recours auprès du Conseil d’État, pour contester les règles actuelles de la chronologie des médias en France. Cette décision intervient quelques mois après l’entrée en vigueur d’un nouvel accord qui l’oblige à attendre 17 mois pour diffuser un film après sa sortie en salles.

Amazon Prime Vidéo France chronologie des médias
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Une chronologie jugée obsolète



Depuis un arrêté de février, toutes les plateformes -même non signataires- sont tenues de respecter la version actuelle de l’accord, signée par France Télévisions, Canal+, TF1, Disney ou encore les syndicats de producteurs. Pour Amazon Prime Video, cette obligation est injuste et déconnectée des usages des consommateurs.

Cet accord ne nous semble plus en phase avec les usages des Français, a indiqué un porte-parole d’Amazon à l’AFP, en appelant à une révision du dispositif. Le géant entend obtenir un calendrier de diffusion plus flexible, semblable à celui accordé à Canal+ (6 mois) ou à Disney+ (9 mois), qui ont négocié des conditions préférentielles en échange d’un engagement financier accru dans la création française.

Disney+ Canal+
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Prime Video investit aussi dans le cinéma français



Amazon ne cache pas son ambition de produire des films pour le grand écran en France. En mars dernier, Prime Video a coproduit son premier long-métrage tricolore -Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan- un succès critique et commercial avec plus de 1,3 million d’entrées. Nous sommes engagés à sortir des films en salles, affirme la plateforme, tout en souhaitant reprendre un dialogue constructif avec l’industrie du cinéma.

Mais aujourd’hui, le niveau d’investissement d’Amazon reste insuffisant pour obtenir un traitement équivalent à celui de Canal+ ou Disney. La chronologie reste indexée sur le volume d’investissement dans la production hexagonale, un système jugé contraignant par les plateformes étrangères.



Vers une bataille juridique entre les plateformes et l’État ?



Avec ce recours, Amazon Prime Video emboite le pas à Netflix, qui avait déjà exprimé son opposition à ce calendrier dès sa signature. Mais cette fois, le conflit pourrait se régler devant les tribunaux, et potentiellement relancer le débat sur la modernisation du modèle français de financement du cinéma.

Dans un contexte où le visionnage des films se fait de plus en plus à la demande, la France reste l’un des derniers pays à imposer un délai aussi long entre la sortie en salle et la diffusion sur plateforme. S'il est défendu par les ayants droit, ce modèle est de plus en plus contesté par les géants du streaming.

Le Conseil d’État devra désormais trancher : la chronologie actuelle protège-t-elle efficacement la diversité culturelle, ou freine-t-elle l’adaptation d’un secteur en pleine mutation ?

Netflix
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