De petits nuages tricolores s’amoncellent au-dessus de Meta. Ce mercredi, trois grandes organisations représentatives des éditeurs et auteurs français -le Syndicat national de l’édition (SNE), la Société des gens de lettres (SGDL) et le Syndicat national des auteurs et des compositeurs (SNAC)- ont annoncé avoir saisi le tribunal judiciaire de Paris. Ils accusent en effet le géant américain, d’avoir utilisé des livres protégés par le droit d’auteur pour entraîner son IA générative, Llama, et ce, sans aucune autorisation.
200 000 livres pour nourrir Llama en toute illégalité
Pour perfectionner son modèle de langage Llama, Meta aurait eu recours jusqu’en 2023 à une base de données baptisée Books3, contenant le texte de près de 200 000 ouvrages, dont un grand nombre en français. Le petit problème est que cette collection de livres a été constituée sans le consentement des auteurs et des éditeurs.
Vincent Montagne, président du SNE, précise : Nous avons constaté la présence de nombreuses œuvres éditées par des membres du Syndicat national de l’édition dans les corpus de données utilisés par Meta .
En pratique, Meta avait déjà reconnu ces faits en janvier 2024 dans le cadre d’une procédure judiciaire aux États-Unis. Mais il se réfugiait derrière l’argument du fair use -l'usage raisonnable- pour justifier l’utilisation de ces œuvres. Malheureusement cette défense ne passe visiblement pas en France (j'ai un peu volé mais vraiment de manière raisonnable ?)
Les auteurs veulent des comptes
Pour les plaignants, cette action en justice dépasse le simple cadre du droit d’auteur. Il s’agit aussi de défendre la création face aux IA génératives qui, selon eux, exploitent le patrimoine culturel pour générer du contenu… parfois même en concurrence directe avec les œuvres originales.
La création d’un marché de l’IA ne peut pas se concevoir au détriment du secteur de la culture. D'autant que les IA peuvent désormais rédiger des livres en quelques heures, venant rivaliser avec le travail de véritables auteurs.
Quelles conséquences pour Meta ?
Aucune estimation du préjudice financier n’a encore été dévoilée, mais cette nouvelle bataille juridique pourrait sérieusement ternir l’image de Meta, déjà sous le feu des critiques pour sa gestion des données et ses pratiques commerciales.
