Elon Musk, via son entreprise Starlink, a fourni un accès internet satellitaire à la Maison-Blanche. Officiellement, il s’agit d’un don, validé par le bureau juridique de la présidence. Selon la porte-parole Karoline Leavitt, l’objectif est d’améliorer la connectivité Wi-Fi sur le complexe. Certains bâtiments souffriraient en effet d’une mauvaise couverture réseau.
Un dispositif qui pose des questions de cybersécurité
La mise en place du service Starlink n’a étrangement pas suivi le schéma classique. Normalement, des terminaux sont installés directement sur les infrastructures pour capter le signal satellite. Ici, la connexion passe par un centre de données gouvernemental, situé à plusieurs kilomètres de la Maison-Blanche, puis est relayée par fibre optique. Une approche bien curieuse.
L’installation de Starlink dans un site aussi sensible que la Maison-Blanche soulève pas mal d’interrogations sur la sécurité du réseau. Jake Williams, spécialiste en cybersécurité, a déclaré au New York Times qu’il était rare de remplacer une infrastructure gouvernementale déjà sécurisée par un service externe comme Starlink. La question se pose d’autant plus que le réseau internet de la Maison-Blanche repose déjà sur des câbles fibrés, considérés comme plus fiables et mieux sécurisés que le satellite.
Autre élément notable : l’installation de Starlink aurait déclenché une alerte au sein du complexe. Un employé chargé du projet aurait accédé au toit d’un bâtiment gouvernemental sans coordination préalable avec les services de sécurité, ce qui a provoqué l’intervention du Secret Service.
Des soupçons de conflit d’intérêts
Elon Musk, qui occupe un poste de conseiller spécial du gouvernement à titre non rémunéré, entretient des relations étroites avec plusieurs agences fédérales. Cette proximité suscite pas mal d’inquiétudes, en particulier concernant un potentiel contrat entre Starlink et la Federal Aviation Administration. D’après Rolling Stone, des responsables de la FAA auraient reçu pour instruction d’accélérer un programme pour déployer des terminaux Starlink pour le contrôle du trafic aérien.
Ces révélations ont conduit trois sénateurs démocrates, Elizabeth Warren, Richard Blumenthal et Chris Van Hollen, à demander l’ouverture d’une enquête pour conflit d’intérêts. Dans une lettre adressée au ministère des Transports et au département de la Justice, ils s’interrogent sur le rôle exact de Musk dans ces décisions et sur un possible avantage indu pour son entreprise.
Une dépendance croissante aux entreprises privées
L’utilisation de Starlink par la Maison-Blanche pose la question plus large de la place des entreprises privées dans les infrastructures critiques du gouvernement. Officiellement, ce don a pour seul objectif d’améliorer la connexion Wi-Fi du complexe, mais il y avait probablement d’autres manières de faire moins exotique. Au-delà de l’initiative elle-même, le recours à un service contrôlé par une entreprise privée, dont le dirigeant entretient des relations avec l’exécutif, interroge une fois encore sur la frontière entre intérêts publics et privés.