Mark Zuckerberg, a comparu mercredi pour la troisième journée consécutive devant un tribunal fédéral à Washington, dans le cadre d’un procès antitrust décisif pour l’avenir de son empire. Il est en effet questionné depuis lundi pour justifier le rachat d’Instagram (2012) et WhatsApp (2014), deux opérations aujourd’hui dans le collimateur de la Federal Trade Commission. Cette dernière accuse le groupe d’avoir étouffé la concurrence sur le marché des réseaux sociaux.
À la barre, le grand patron est formel : ces plateformes n’auraient jamais atteint une telle envergure sans l’aide de Meta. Selon lui, Instagram aurait eu beaucoup de mal à croître de manière autonome, tandis que les fondateurs de WhatsApp manquaient d’ambition, malgré une messagerie impressionnante techniquement.
Impossible ? Non. Mais probable ? Vraiment pas, a-t-il affirmé à propos du succès d’Instagram, qui compte aujourd’hui plus de 2 milliards d’utilisateurs. À ses yeux, Facebook a permis à ces services d’innover et de passer à l’échelle, dans un environnement où les défis techniques et réglementaires sont majeurs.
Développer ou racheter : un choix stratégique assumé
Mark Zuckerberg a reconnu que son groupe avait longuement hésité entre créer une solution maison ou racheter Instagram, qui excellait déjà dans le partage de photos. De fait, on a retiré du marché un concurrent potentiel, a-t-il admis, tout en rejetant l’accusation d’avoir voulu neutraliser une menace. Mais l'intention n’a jamais été de tuer Instagram, au contraire.
Rappelons que l'élément intentionnel doit tout de même être présent pour constituer l'infraction. Et il le sait fort bien, aussi ne joue-t-il pas sur l'élément matériel (la suppression d'un concurrent) qui est plus difficile à contrer.
La FTC insiste ! Ces rachats ont permis à Meta de se constituer un monopole dans les réseaux sociaux personnels, avec un impact négatif pour les utilisateurs, exposés à toujours plus de publicités et moins de choix.
Une concurrence toujours féroce selon Meta
Meta réfute la notion de monopole. Mark Zuckerberg a rappelé à quel point la concurrence restait rude, notamment face à TikTok et YouTube. TikTok reste plus gros que Facebook ou Instagram, et je n’aime pas quand nos concurrents font mieux que nous, a-t-il glissé, en évoquant les Reels, créés pour concurrencer le format vidéo phare de l’application chinoise.
YouTube est également cité comme adversaire de poids, en particulier dans la course à l’attention des utilisateurs et au recrutement des créateurs de contenus, aujourd’hui indispensables aux plateformes. Hier, c'était iMessage qui était mis en avant pour amoindrir l'impact de Facebook Messenger.
Trump courtisé, mais la FTC persiste
En coulisses, Mark Zuckerberg aurait tenté de régler l’affaire à l’amiable en multipliant les échanges avec Donald Trump. Mais malgré un gouvernement républicain désormais en place, la FTC semble déterminée à aller jusqu’au bout de son action.
Après Google, déjà condamné pour abus de position dominante en 2024, c’est donc Meta qui risque une lourde sanction : une séparation forcée de ses deux filiales historiques, Instagram et WhatsApp. Une décision qui pourrait redessiner durablement le paysage des réseaux sociaux.