Quatre ans après Frances Haugen et les fameux Facebook Files, une nouvelle voix s’élève contre l’empire de Mark Zuckerberg. Sarah Wynn-Williams, ex-directrice des affaires publiques de Facebook, sort un livre explosif, Careless People: A Cautionary Tale of Power, Greed, and Lost Idealism (Flatiron), publié hier aux États-Unis.
L’une des révélations choc concerne les tentatives de Facebook d’entrer sur le marché chinois, malgré l’interdiction de la plateforme depuis 2009 (et d’Instagram depuis 2014). Selon Sarah Wynn-Williams, le groupe aurait mis sur pied une équipe secrète dès 2014 pour développer une version censurée du réseau social, connue sous le nom de code Projet Aldrin -un clin d’œil appuyé à Buzz Aldrin, deuxième homme à marcher sur la Lune.
Facebook aurait même envisagé d’aller encore plus loin, en permettant à une société chinoise, Hony Capital, de passer en revue les contenus des utilisateurs locaux et de recruter des centaines de modérateurs pour supprimer tout message jugé inapproprié. Le but était évidemment d’obtenir les faveurs des autorités chinoises pour s’implanter dans le pays.
Mark Zuckerberg, quant à lui, a toujours nié avoir accepté les conditions imposées par Pékin. En 2019, il déclarait que la Chine ne nous a jamais laissés entrer, car nous n’avons jamais pu accepter ce qu’il nous faudrait faire pour opérer là-bas. Un discours que Meta martèle encore aujourd’hui face aux nouvelles accusations.
Au-delà des relations troubles avec la Chine, Sarah Wynn-Williams dénonce un environnement de travailmalsain et misogyne au sein de Facebook. Dans son livre, elle décrit une entreprise dirigée par des figures insouciantes et égoïstes, dont Mark Zuckerberg et son ex-bras droit Sheryl Sandberg, motivés uniquement par la recherche du profit.
Sarah Wynn-Williams raconte aussi les dessous de la culture interne, marquée par l’ego démesuré du fondateur. Elle évoque les soirées karaoké de Zuckerberg et ses parties de Risk endiablées où, selon elle, il était implicite qu’il devait gagner.
Mais l’accusation la plus grave concerne Joel Kaplan, ancien responsable des affaires publiques de Facebook et fervent soutien de Donald Trump. La lanceuse d’alerte affirme avoir été victime de harcèlement sexuel de sa part. Meta, de son côté, rappelle qu’une enquête interne a eu lieu en 2017 et que Kaplan a été blanchi.
Meta contre-attaque
Face à cette salve de révélations, Meta ne reste pas silencieux. Un porte-parole de l’entreprise a réagi en affirmant que Sarah Wynn-Williams avait été licenciée en 2017 et que ses accusations étaient infondées. Meta va même plus loin, suggérant qu’elle serait financée par des militants anti-Facebook et ne mérite pas le statut de lanceuse d’alerte.
Cette nouvelle polémique intervient dans un climat déjà tendu pour Meta. Entre les pressions politiques croissantes aux États-Unis, le poids des régulations européennes et les défis économiques liés à l’IA, Mark Zuckerberg semble une fois encore pris dans la tempête.
Alors, véritable bombe ou énième querelle entre une ex-employée et son ancien employeur ? Une chose est sûre : les fantômes du passé continuent de hanter la Silicon Valley.