Alors que Google est jugé pour abus de position dominante aux États-Unis, son navigateur phare, Chrome, pourrait devenir la pièce maîtresse d’une restructuration historique. Accusé de verrouiller l’accès à son moteur de recherche via son propre navigateur, la firme de Mountain View pourrait être contrainte de s’en séparer. Et forcément plusieurs entreprises y voient une terrible opportunité.
OpenAI a été la première entreprise à manifester publiquement son intention. D'après Bloomberg, Nick Turley, cadre de l’entreprise, a répondu vendredi devant la Cour : Oui, nous voudrions, comme beaucoucp d'autres. Il a ajouté que t ChatGPT et Chrome combinés pourraient une expérience incroyable, centrée sur l’IA. Il s'agirait même un projet que l’entreprise poursuit depuis plusieurs mois.
De son côté, Perplexity AI, qui développe déjà un navigateur intelligent, s’est dite également intéressée. Selon Dmitry Shevelenko, son directeur du développement, Perplexity serait capable de gérer Chrome sans altérer ses performances, sans non plus le rendre payant. En revanche, il ne pense pas nécessaire que Google doive être contrainte de s'en séparer.
Yahoo et DuckDuckGo aussi dans la course
Selon The Verge, Yahoo voit dans Chrome un accélérateur stratégique pour revenir dans la course aux moteurs de recherche. Développer un navigateur maison prendrait entre six et neuf mois, un rachat de Chrome permettrait de gagner un temps précieux.
Quant à DuckDuckGo connu pour son positionnement pro-vie privée, son CEO -Gabriel Weinberg- a reconnu en audience que l’entreprise aurait aimé acquérir Chrome, mais qu'elle en est financièrement incapable. Il estime que le prix du navigateur pourrait atteindre 50 milliards de dollars, un montant jugé hors de portée pour sa société.
Un navigateur devenu enjeu stratégique
Le procès, qui a débuté ce 21 avril, doit en effet déterminer si Google devra se séparer de Chrome, considéré comme le navigateur web le plus utilisé au monde. Selon les autorités antitrust américaines, cette situation constitue un verrou stratégique qui nuit à la concurrence dans le domaine de la recherche en ligne.
Autrement dit, tant que Chrome restera entre les mains de Google, aucun moteur de recherche alternatif ne peut réellement émerger. Mais, si Google venait à perdre Chrome, cela marquerait un tournant historique dans l’industrie du web. Longtemps resté un outil neutre en apparence, le navigateur est aujourd’hui vu comme un véritable levier de contrôle sur les usages et l’économie de la recherche en ligne.
Est-ce que la justice américaine ira jusqu’à imposer cette séparation, ou bien Google parviendra-t-elle à éviter le démantèlement ? En attendant, les géants de l’IA et du web affûtent déjà leurs offres, prêts à prendre la main sur l’une des applications les plus utilisés de la planète.