Face à la multiplication des "attaques fallacieuses", le Quai d'Orsay a décidé de muscler sa communication. Le ministère des Affaires étrangères a lancé "French Response", un compte officiel sur X entièrement dédié à la riposte contre la désinformation institutionnelle étrangère.
Un canal pour "rétablir les faits"
Présenté par le futur-ex ministre Jean-Noël Barrot comme un "compte officiel de riposte", l'objectif de @FrenchResponse est simple : "apporter une réponse rapide aux allégations étrangères hostiles en rétablissant les faits".
Il s'agit d'un changement de ton majeur pour la diplomatie française. Jusqu'à présent, les réponses aux campagnes de désinformation passaient par des canaux institutionnels classiques, souvent jugés trop lents pour être efficaces sur les réseaux sociaux. Avec ce nouveau compte, le Quai d'Orsay se dote d'un outil plus direct et plus réactif, "adapté à la tonalité actuelle des interactions internationales", selon des sources diplomatiques.
Jean-Noël Barrot
Première cible : le secrétaire d'État américain
Le compte n'a pas tardé à entrer en action. Sa toute première intervention a été une réponse directe au secrétaire d'État américain, Marco Rubio. Ce dernier avait affirmé que le Hamas avait quitté les négociations sur la libération des otages israéliens juste après l'annonce par la France de sa volonté de reconnaître l'État de Palestine.
"Non", a sèchement répondu le compte French Response, publiant une chronologie précise des événements, captures d'écran à l'appui, pour prouver que l'échec des négociations avait été constaté plusieurs heures avant l'annonce d'Emmanuel Macron.
Une nouvelle forme de diplomatie numérique
Cette initiative s'inspire directement de ce qui se fait déjà à l'étranger, notamment du compte "Rapid Response" de la Maison-Blanche. Elle s'inscrit dans un contexte de "guerre de l'information" de plus en plus intense, où les réseaux sociaux sont devenus un véritable champ de bataille pour imposer des récits.
Pour la France, régulièrement ciblée par des campagnes de désinformation, en particulier en Afrique, l'enjeu est de ne plus subir, mais de répondre.
On en dit quoi ?
C'est une initiative intéressante et a priori bienvenue. À l'heure où la désinformation et les "fake news" peuvent se propager en quelques minutes, la diplomatie traditionnelle est souvent trop lente et trop formelle pour être audible. En adoptant les codes de X (réactivité, concision, confrontation directe), la France se donne les moyens de se défendre plus efficacement. Même si on peut regretter que nos institutions continuent à utiliser un réseau aussi décrié que X, nourrissant de fait son côté incontournable en politique.
Le défi sera aussi de maintenir une crédibilité sur le long terme. Le compte devra s'en tenir scrupuleusement aux faits et aux sources vérifiables pour ne pas tomber lui-même dans la simple propagande. Si cet équilibre est trouvé, "French Response" pourrait devenir un outil pratique pour défendre les positions françaises sur la scène internationale. Et vous, vous pensez que c'est une bonne stratégie pour un gouvernement de "fact-checker" ses homologues sur les réseaux sociaux ?