Actualité

Divers

On sait enfin pourquoi Mars est rouge (et ce n’est pas ce qu’on pensait)

Par Vincent Lautier - Publié le

Depuis des siècles, Mars fascine par sa couleur rouge très distinctive. Jusqu’ici, on pensait que cette teinte venait de l’hématite, un oxyde de fer formé en conditions sèches. Mais une nouvelle étude vient chambouler cette idée. Selon des chercheurs des universités de Brown et de Berne, la vraie raison pourrait être la ferrihydrite, un autre oxyde de fer… mais qui, lui, contient de l’eau. Autrement dit, Mars aurait rouillé bien plus tôt que prévu, à une époque où l’eau liquide était encore présente à sa surface.

Rouge, rouge, mouais... orange non ?
Rouge, rouge, mouais... orange non ?


Une nouvelle analyse des poussières martiennes



Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé des données provenant de plusieurs missions spatiales. Ils ont combiné les observations d’engins comme Mars Express et Trace Gas Orbiter de l’ESA, ainsi que celles de la NASA avec Mars Reconnaissance Orbiter et les rovers Curiosity, Pathfinder et Opportunity. Leur objectif : mieux comprendre la composition exacte des poussières martiennes.

Mais ils ne se sont pas arrêtés là. En laboratoire, ils ont recréé une version artificielle de la poussière martienne en mélangeant de la ferrihydrite et du basalte, une roche volcanique présente sur Mars. Ils ont ensuite broyé ce mélange pour obtenir des particules de la même taille que celles de la poussière martienne – soit environ 1/100e de l’épaisseur d’un cheveu humain. En comparant les résultats avec les données des sondes spatiales, ils ont découvert que la ferrihydrite correspondait bien mieux que l’hématite à la couleur de Mars.

Non ça n'est pas du Nesquick
Non ça n'est pas du Nesquick


Ce que ça change pour l’histoire de Mars



Cette découverte a des implications importantes. Contrairement à l’hématite, la ferrihydrite se forme rapidement en eau froide. Sa présence dans la poussière martienne signifie donc que de l’eau liquide a existé bien plus longtemps sur Mars qu’on ne le pensait. Et qui dit eau liquide, dit aussi conditions potentiellement favorables à la vie…

Autre point intéressant : la formation de cette rouille martienne remonterait à environ 3 milliards d’années, une époque où Mars connaissait encore des épisodes volcaniques intenses. Ces éruptions auraient pu provoquer la fonte de glace et générer l’eau nécessaire à la formation de la ferrihydrite.

L'ESA nous résume tout ça
L'ESA nous résume tout ça


Une confirmation dans les années à venir ?



Évidemment, ces résultats restent à confirmer, et pour cela, rien ne vaut une analyse directe sur Terre. C’est justement l’objectif de la mission Mars Sample Return, qui prévoit de ramener des échantillons collectés par le rover Perseverance d’ici le début des années 2030. Ces prélèvements devraient permettre d’affiner notre compréhension de l’histoire de l’eau sur Mars… et de savoir si la planète rouge a réellement pu être habitable.